Pour la quatrième année consécutive, Surfshark a publié son étude mondiale intitulée « Digital Quality of Life Index » (DQL Index), un classement sur le bien-être numérique. Cette année, la France gagne 3 positions et devient le 4e pays le mieux placé selon l’indice.

La France en 4e position

En 2022, la France fait figure de bon élève dans le classement de Surfshark. Ce classement réalisé depuis 2019 prend en compte 117 pays, soit environ 92 % de la population mondiale. Il s’appuie sur 5 critères : la qualité de la connexion Internet, l’administration en ligne, la cyber-infrastructure des pays, l’accessibilité à Internet et enfin la sécurité en ligne. Cette année, la moins bonne note française a été attribuée à la qualité de sa cyber-infrastructure (15e position au niveau mondial). Le meilleur score est celui de l’accessibilité à Internet : notre pays arrive en 7e position.

Le Digital Quality of Life Index 2022. Image : Surfshark

Dans le classement mondial sur le bien-être numérique, la France se positionne juste derrière Israël, le Danemark et l’Allemagne. Derrière nous, on retrouve des pays comme la Hollande, le Japon, le Royaume-Uni, la Corée du Sud ou encore les États-Unis, seulement à la 12e place au niveau mondial. En Europe, la France tire son épingle du jeu puisqu’elle se classe en 3e position.

Le classement des pays selon le bien-être numérique. Graphique : Surfshark

À travers son enquête, Surfshark montre que la qualité de la connexion Internet en France est d’une grande qualité. L’Internet haut débit fixe est même supérieur à l’Internet mobile : 218,8 Mbit/s, cela permet à la France de se classer à la 8e position au niveau mondial. Contre 91 Mbit/s pour le réseau mobile, qui place notre pays au 24e rang. En comparaison avec nos voisins belges, l’étude montre que l’Internet mobile français est 23 % plus rapide, « tandis que le haut débit est 2 fois plus rapide ». À Singapour, meilleur réseau au monde cette année, les résidents bénéficient d’une connexion haut débit fixe qui atteint les 261 Mbit/s.

Autre point intéressant révélé par l’étude : entre le DQL Index 2021 et 2022, les notes de la France ont bien progressé. On peut lire que l’Internet mobile s’est amélioré de 29,5 % (20,7 Mbits/s) et le haut débit fixe a augmenté de 13,8 % (26,6 Mbits/s) en seulement un an. Ces statistiques montrent que l’écosystème des télécommunications français est en perpétuelle évolution. Une bonne chose pour positionner la France parmi les pays les mieux connectés à travers le monde.

En 2022, les Français peuvent acheter 1 Go d’Internet mobile pour « 18 secondes de travail par mois ». Une unité de mesure étrange, mais qui a le mérite de mettre tous les citoyens du monde sur un pied d’égalité. C’est 7 fois moins cher qu’en Belgique. En revanche, quand on compare avec le coût que doivent débourser les Israéliens pour acheter 1 Go d’Internet mobile, la France fait pâle figure : il leur suffit de 5 secondes de travail.

Le classement de la France selon le baromètre du bien-être numérique. Graphique : Surfshark

Entre 2021 et 2022, l’accessibilité d’Internet en France n’a ni progressé ni régressé. Chaque mois, les citoyens français consacrent 67 minutes de leur temps de travail pour payer leurs forfaits Internet. Par ailleurs, avec l’inflation galopante, l’Internet haut débit est lui devenu moins abordable.

Bien-être numérique : qui sont les gagnants et les perdants ?

La grande étude de Surfshark montre que parmi les 10 pays les mieux notés, 7 se situent en Europe. Cette statistique n’a pas évolué depuis les trois dernières années. En fin de classement, on retrouve des pays comme la République démocratique du Congo, le Yémen, l’Éthiopie, le Mozambique et le Cameroun. Si on s’arrête localement sur l’Afrique, c’est l’Afrique du Sud qui arrive en tête du classement, suivie de l’île Maurice, du Maroc, de la Tunisie du Kenya et de l’Égypte.

Sur le continent nord-américain, les États-Unis arrivent en tête, devant le Canada, le Panama et le Costa Rica. En Océanie, la Nouvelle-Zélande est en tête, surpassant l’Australie dans divers domaines numériques cette année. Le classement est surprenant dans le détail de chaque critère. Avec la qualité de la connexion Internet, c’est le Chili qui arrive en 1re position. Sur le critère de l’accessibilité à Internet, Israël arrive en tête, suivi de l’Arménie, l’Allemagne… et de la France en 7e position.

Pour la qualité de la cyber-infrastructure, les pays nordiques trustent le haut du classement, avec le Danemark, la Suède et la Norvège parmi les cinq premiers.

Sur la thématique « administration en ligne », les États-Unis font figure de leader, suivis par Singapour, le Royaume-Uni… La France est en 13e position. À ce propos, il y a deux ans, la ministre de la Transformation et la Fonction Publiques, Amélie de Montchalin, annonçait qu’une enveloppe de 500 millions d’euros serait dédiée à l’amélioration de la qualité des services pour les Français, en rendant les 250 démarches les plus utilisées totalement opérationnelles en ligne d’ici 2022.

Quels sont les pays en tête sur le volet de la cybersécurité ?

Concernant la cybersécurité, c’est la Grèce qui est en haut du podium. En mars 2022, un cyber-exercice européen, dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, avait justement été organisé à Athènes. « CyberEast », du nom du programme, visait à tester la résistance des pays de l’Est.

Notons que l’Hexagone n’arrive qu’en 11e position sur ce critère, au niveau mondial. Le gouvernement a annoncé le 26 septembre 2022 une augmentation budgétaire sur le volet des investissements en cybersécurité. Face aux vagues de cyberattaques, notamment contre les hôpitaux, Emmanuel Macron a été amené à réagir. Avec ce nouveau budget, plusieurs grandes agences françaises voient leur budget augmenter : l’Anssi (l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), qui voit ses crédits augmenter de 4,6 millions d’euros.

La fracture numérique mondiale continue de se creuser

Malgré l’essor sans précédent d’Internet et le développement des infrastructures au cours des dix dernières années, près d’un tiers de la population mondiale n’a toujours pas accès à une bonne connexion au web, selon les données de l’Union internationale des télécommunications (l’UIT, l’agence des télécoms de l’ONU). Au cours des cinq prochaines années, Doreen Bogdan-Martin, la nouvelle patronne de l’UIT, se donne pour mission de « standardiser les normes pour les outils de communication au niveau mondial, de la télévision à Internet, en passant par la téléphonie mobile ».

À terme, l’objectif ultime de l’agence est de réussir à connecter à Internet les 3,7 milliards de personnes qui n’y ont pas encore accès dans le monde. L’agence onusienne estime même que 2,9 milliards de personnes (soit 37 % de la population mondiale), n’ont jamais utilisé Internet de toute leur vie. La capacité de cette frange de la population à se connecter « demeure marquée par de profondes inégalités », selon l’UIT.

Il y a donc un véritable « fossé numérique » dans les pays les plus pauvres. L’institut onusien estime que la fracture numérique mondiale est « encore plus marqué dans les pays les moins avancés, où près des trois quarts de la population n’ont jamais utilisé Internet ». Comme souvent, certaines communautés sont souvent plus marginalisées que d’autres. L’UIT rapporte que les femmes ont un taux d’accessibilité inférieur à celui des hommes : seulement 19 % d’entre elles sont connectées, contre 31 % pour les hommes vivant dans les pays les moins avancés.

L’étude de Surfshark montre que dans des pays comme la Côte d’Ivoire ou l’Ouganda, les habitants sont obligés de « travailler 2 semaines pour pouvoir profiter du forfait Internet haut débit fixe le moins cher ». Les écarts se creusent au fil des années entre les pays les plus développés et ceux dits « en cours de développement ». Avec le contexte économique mondial actuel, les conflits armés qui ont des répercussions directes sur les coûts des énergies, la pression financière sur les ménages à faible revenu, cette fracture pourrait s’accentuer.