Le géant chinois Huawei a annoncé le 2 juin l’arrivée de son système d’exploitation HarmonyOS sur ses smartphones et une myriade d’autres produits connectés du groupe. La nouvelle était attendue, Huawei n’a plus accès, depuis 2020, à la version open source d’Android utilisée jusque-là, à cause de son placement sur liste noire par l’administration Trump.

Pour Huawei, HarmonyOS n’est pas un copier-coller d’Android

L’entreprise chinoise a commencé à développer HarmonyOS en 2016. Elle l’a présenté comme une alternative à Android à partir de 2019, après l’annonce des sanctions américaines. Le 2 juin 2021, le système d’exploitation est arrivé sur les derniers produits de la marque, le Mate 40 et Mate X2 pliable, la tablette MatePad Pro et la montre intelligente Watch Series 3. Les anciens modèles de téléphone pourront y avoir accès progressivement d’ici le premier semestre 2022.

HarmonyOS est présenté par Huawei comme un système d’exploitation compatible autant avec les smartphones, tablettes, montre intelligente, que des objets connectés. Au total, près d’une centaine de produits de l’entreprise chinoise pourront prendre en charge HarmonyOS.

Dans un article Ars Technica relativise le caractère cross-plateforme du système. Selon le média spécialisé, il y aurait en réalité deux HarmonyOS. LiteOS pour les objets connectés, et celui pour smartphones et tablettes. Ce dernier est accusé d’être très inspiré de la version open-source d’Android, il fonctionnerait sous Linux, comme Android, et beaucoup d’éléments indiquent la très forte inspiration du système de Google. Sur le premier point, Huawei a fermement nié, affirmant qu’aucune ligne de code ne serait commune aux deux systèmes d’exploitation, rapporte TechCrunch. Sur le second, l’entreprise est restée discrète.

capture de la présentation d'harmonyOS par Huawei

L’interface d’HarmonyOS semble très inspirée de la version open source d’Android. Image : Huawei.

La voie de la réussite est escarpée

Par le passé Huawei a pronostiqué que 300 millions d’appareils fonctionneraient sous HarmonyOS en 2021. Pour l’entreprise, qui souhaite réorienter ses activités vers le logiciel pour passer outre les sanctions américaines, l’ambition est grande et risquée. D’autres entreprises, Microsoft et Samsung entre autres, ont tenté l’aventure d’imposer leur OS contre les mastodontes Android et iOS. Ils s’en sont mordu les doigts.

La difficulté est toujours la même : attirer des développeurs pour développer des applications, forcément plus sensibles aux grandes plateformes, et convaincre les services populaires de développer et tenir à jour une version HarmonyOS. Huawei a ses arguments, selon TechCrunch, 500 000 développeurs créent déjà des applications sur le système d’exploitation. Huawei dispose également de sa boutique d’application, App Gallery. Elle revendique 540 millions d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde.

Dernier argument de Huawei, l’énorme marché chinois où la marque est déjà très bien implantée. Toute la difficulté pour l’entreprise va être de ne pas s’y enfermer, de parvenir à se rendre attrayant des utilisateurs à travers le monde, notamment grâce à des applications occidentales. Aux États-Unis l’image de Huawei a été particulièrement ternie, mais le monde est vaste.