Ce jeudi 25 avril, Emmanuel Macron a pris la parole à la Sorbonne en amont des élections européennes de juin. Un discours au ton alarmant au regard du contexte géopolitique, dans lequel le président a notamment souligné le rôle du numérique pour renforcer l’économie européenne.

Augmenter les investissements dans les secteurs clés comme l’IA et l’informatique quantique

« Notre Europe aujourd’hui est mortelle. Elle peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix », a asséné le président. Des déclarations bien différentes du message porteur d’espoir proféré dans ce même lieu en 2017.

Emmanuel Macron a mis en avant la nécessité pour l’Union européenne (UE) d’« assurer sa sécurité » et de reprendre son « autonomie stratégique ». Une initiative qui passe par la création d’une « capacité européenne de cybersécurité et de cyberdéfense ». Alors que les tensions entre grandes puissances s’intensifient, la guerre se joue aussi en ligne, avec des cybermenaces de plus en plus palpables.

Le président s’est également penché sur l’économie européenne, réitérant ses ambitions de la voir devenir « un leader mondial » à l’horizon 2030. Pour cela, il souhaite développer des « stratégies de financement dédiées » dans cinq secteurs considérés comme stratégiques pour l’avenir. Sans surprise, Macron a cité l’intelligence artificielle (IA), l’informatique quantique, les biotechnologies, les nouvelles énergies et l’espace.

« Il nous faut à nouveau un choc d’investissement commun, un grand plan d’investissement budgétaire », a-t-il expliqué, plaidant en faveur d’un doublement de « la capacité d’action financière » de l’UE, notamment pour soutenir la défense, l’IA et la décarbonation.

Il propose en outre d’insérer dans les traités communautaires relatifs au spatial et la défense « la préférence européenne ». La situation du secteur spatial européen est pour l’heure critique. Si les législateurs visent la souveraineté, le bloc ne détient actuellement aucun moyen d’accéder à l’espace en raison des reports d’Ariane 6. La Commission européenne s’est même tournée vers SpaceX pour lancer des satellites de la constellation Galileo. Dans une publication récente, Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, appelait l’UE à développer un marché unique du spatial.

Aussi, le président estime que les traités commerciaux européens doivent être revus, la Chine et les États-Unis ne respectant plus « les règles du commerce telles qu’elles ont été écrites il y a quinze ans ».

Macron plaide pour la majorité numérique à 15 ans

Emmanuel Macron s’est aussi exprimé sur le paysage de l’Internet européen, estimant que la majorité numérique devrait être établie à 15 ans. Il appelle aussi à la mise en place d’un contrôle parental pour l’accès aux réseaux sociaux des jeunes en dessous de cet âge. « Nous devons reprendre le contrôle de la vie de nos enfants et de nos adolescents », a-t-il argumenté.

Si l’UE s’impose en pionnière dans la réglementation du Web, notamment avec la récente mise en application du Digital Services Act pour modérer le contenu, le président considère que l’espace numérique doit être « beaucoup plus ardemment civilisé ». « Là où nous interdisons les propos racistes, les propos antisémites, les discours de haine, nous devons les interdire dans l’espace numérique, où la présomption d’anonymat conduit à la désinhibition de la haine », a-t-il poursuivi.

Dans une note plus positive, Macron a souligné les réussites accomplies au cours des années écoulées, « en particulier en matière d’unité et de souveraineté, ce qui n’était pas acquis ». « Nous avons bâti une vraie stratégie d’autonomie dans des secteurs clés, des semi-conducteurs aux matières premières critiques […]. Malgré les crises, jamais l’Europe n’a autant avancé », s’est-il félicité, faisant référence au Chips Act européen, qui prévoit la mise en place du chaîne d’approvisionnement locale dans la filière des puces électroniques.