Au Mali, un projet d’extraction de lithium, baptisé Goulamina, d’une superficie de 100 kilomètres carrés a été lancé en mars 2022 par une société australienne, Leo Lithium, et une chinoise, Ganfeng Lithium. En juillet dernier, la première a mis en pause l’exploitation et a interrompu sa cotation à la Bourse de Sydney. Le gouvernement malien lui a imposé l’arrêt de l’exportation de lithium non traité. Une décision politique controversée, ce minerai est utilisé dans toutes les batteries des véhicules électriques.

L’État malien détient des parts dans la coentreprise

Dans un communiqué publié ce lundi 4 septembre, Leo Lithium a déclaré avoir reçu, le 17 juillet, l’ordre du ministère malien des Mines de stopper l’extraction du spodumène, un minéral d’aluminium et de lithium, provenant de Goulamina. La vente de ce minerai brut aurait permis à la compagnie australienne de générer des revenus, en amont de l’extraction du lithium traité prévu pour le deuxième trimestre 2024.

Si les raisons précises de cette suspension ordonnée par Bamako restent inconnues, elle peut s’expliquer par une volonté de maximiser les recettes générées par le projet. Pour exploiter les sous-sols maliens, Leo Lithium et son partenaire chinois ont dû créer une coentreprise. Le gouvernement malien possède 10 % des parts, et peut porter ses intérêts à plus de 20 %. Sur le marché, le spodumène est bien moins valorisé que le lithium traité. Les ventes de ce dernier rapportent donc plus d’argent au gouvernement.

Simon Hay, PDG de Leo Lithium, n’est pas inquiet de cette décision politique « Bien que nous aurions préféré mettre sur le marché le spodumène de Goulamina avant la production de lithium prévue pour le premier semestre 2024, cela n’est pas nécessaire à la réussite du projet. » L’entreprise a mis à jour ses objectifs : d’ici le premier semestre 2024, la production annuelle devrait être de 500 000 tonnes. Dans les cinq prochaines années, le rendement devrait doubler.

Le rôle majeur du lithium dans la transition énergétique

Goulamina a une durée de vie estimée à plus de 23 ans, le projet jouera un rôle important face à la demande croissante de lithium dans le monde. En 2035, l’intégralité des voitures vendues en Europe seront électriques. D’ici 2050, les membres du Vieux Continent devraient consommer plus de 4 millions de tonnes de lithium par an. La Commission européenne considère ainsi le lithium comme un minerai critique.

La majeure partie des réserves mondiales de ce minerai se trouve en Bolivie (21 millions de tonnes), Argentine (19 millions de tonnes), Chili (9,8 millions de tonnes), Australie (7,3 millions de tonnes), et en Chine (5,1 millions de tonnes). Les principaux producteurs, aujourd’hui, sont l’Australie (47 %), le Chili (30 %), la Chine (15 %) et l’Argentine (5 %).

Dans une optique de diversification des sources d’approvisionnement, l’Union Européenne cherche toujours plus de fournisseurs. Avec Goulamina, le Mali deviendrait le premier producteur de lithium d’Afrique de l’Ouest, et donc un partenaire idéal.

L’histoire n’est pas si simple, depuis quelques années, Bamako est au cœur d’une instabilité politique importante. Le 18 août 2020, la junte a renversé le président Boubacar Keïta. Depuis cet événement, le pouvoir en place rejette les aides militaires et commerciales provenant de l’Union Européenne, notamment la France, et de l’ONU. Le gouvernement préfère dorénavant commercer avec la Chine et la Russie.