La Chine a décidé de frapper un grand coup en annonçant des restrictions sur l’exportation de métaux destinés à la production de semi-conducteurs. Cette annonce a d’ores et déjà des répercussions, et amplifie la guerre commerciale entre l’Empire du Milieu et les États-Unis.
La Chine montre qu’elle détient les ressources pour riposter
En limitant les exportations de gallium et le germanium, Pékin a tenu à rappeler qu’elle pouvait riposter aux sanctions économiques qui lui sont imposées par les États-Unis et leurs alliés. Les conséquences de cette décision risque néanmoins d’affecter plus de pays que d’autres. Le Japon et la Corée du Sud sont les deux plus gros acheteurs des métaux concernés par les limitations, et n’ont pas tardé à réagir.
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Lors d’une conférence de presse, le ministre japonais du Commerce, Yasutoshi Nishimura, a expliqué qu’il s’opposerait à toute violation des règles de l’Organisation mondiale du commerce. Il assure que la manière dont la Chine mettra en œuvre ces restrictions sera surveillée de près afin de s’assurer que les traités mondiaux sont respectés.
Pour sa part, le ministère sud-coréen du Commerce a convoqué une réunion d’urgence pour discuter de la décision chinoise, rapporte le Financial Times. En plus d’être utilisés dans les puces, le gallium et le germanium, se trouvent dans les véhicules électriques ainsi que dans divers produits de télécommunications. La Corée du Sud estime toutefois que les restrictions n’auront pas d’impact significatif sur le court terme.
Les deux pays sont particulièrement vigilants. Chacun d’entre eux a mis en place un vaste plan pour booster la production locale de semi-conducteurs. Une telle mesure pourrait menacer leurs ambitions. « Nous ne pouvons pas exclure la possibilité que la mesure soit étendue à d’autres articles », s’est inquiété Joo Young-joon, vice-ministre sud-coréen du Commerce.
Une nouvelle escalade
Du côté de l’Allemagne, dont certains industriels dépendent des métaux concernés, cette décision illustre la nécessité d’atténuer les relations commerciales avec l’Empire du Milieu. S’il sera possible pour les pays affectés de trouver d’autres sources pour obtenir ces éléments, cela devrait prendre quelque temps : la Chine en est le principal producteur mondial.
Les nouvelles restrictions, qui seront en vigueur dès le 1er août, font suite à une importante escalade des tensions entre les deux premières puissances mondiales, elles-mêmes alimentées par l’enjeu des semi-conducteurs. En octobre 2022, les États-Unis imposait d’importantes limitations sur les ventes de technologies liées aux puces électroniques vers la Chine. Ils ont ensuite enjoint les Pays-Bas et le Japon a adopté une approche similaire ; les deux pays se sont depuis mis à exécution.
Il y a de grandes chances pour que de nouvelles restrictions soient mises en place par chacune des parties. En attendant, les actions des producteurs chinois de germanium ont grimpé en flèche, car une hausse des prix des matières premières est fort probable. Une rupture d’approvisionnement est également envisagée, ce qui permettrait à la Chine de faire valoir son potentiel face aux sanctions occidentales.