Le Japon va augmenter massivement ses investissements dans l’industrie des semi-conducteurs. La technologie, devenue un enjeu majeur depuis la pandémie de Covid-19, fait l’objet de plus en plus de législations visant à booster sa production.
Le Japon met les bouchées doubles
Les annonces dans le secteur des semi-conducteurs s’enchaînent. Alors que TSMC a demandé à Taïwan de renforcer ses efforts pour stimuler l’industrie sur son territoire, la Corée du Sud vient d’approuver une loi pour inciter ses entreprises à investir localement dans la production de puces.
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C’est au tour du Japon d’afficher ses ambitions. Comme le rapporte Bloomberg, le Pays du Soleil Levant devrait dépenser 7 milliards de dollars en équipements de fabrication de puces en 2024, soit une augmentation de 82 % par rapport à cette année. À titre de comparaison, la Chine devrait hausser ses investissements de seulement 2 %. Le montant total des dépenses japonaises dans ce secteur devrait être supérieur aux dépenses combinées en Europe et au Moyen-Orient.
Les semi-conducteurs, qui alimentent les appareils électroniques comme les smartphones et ordinateurs, sont également essentiels pour les technologies de pointe comme la conduite autonome ou l’intelligence artificielle. De ce fait, ils sont considérés comme une technologie clé pour l’avenir. Le Japon a été, pendant de longues années, le leader incontesté de cette industrie. Il a ensuite cédé une grande partie de son marché à Taïwan, à la Corée du Sud et à la Chine.
Aujourd’hui, le pays joue encore un rôle essentiel dans la chaîne d’approvisionnement en concevant les équipements nécessaires à la fabrication de puces, mais son ambition est désormais de redevenir un producteur significatif dans le domaine. Son objectif, à travers son investissement massif, est le développement de puces de nouvelle génération qui galvaniseraient son industrie technologique et son économie.
L’entreprise Rapidus va bénéficier du soutien du gouvernement
Dans ce contexte, Yasutoshi Nishimura, le ministre japonais du commerce, a promis que le gouvernement augmenterait son soutien financier au fabricant de puces Rapidus. Le pays veut accompagner la société dans son ambition de développer des puces à 2 nanomètres et au-delà d’ici à 2025. Dans l’idéal, le constructeur deviendrait un champion national dans le secteur.
Le ministre explique que le gouvernement va suivre les progrès de Rapidus et lui fournira « un soutien continu et plus important » si nécessaire. Le pari est osé ; la technologie 2 nanomètres est plus avancée que ce que proposent actuellement les leaders du marché comme TSMC et Samsung.
Malgré cela, Nishimura voit loin pour le fabricant. « Les puces de pointe seront essentielles pour un large éventail d’industries dans les cinq à dix prochaines années, telles que la conduite autonome, les services d’intelligence artificielle de type ChatGPT, ainsi que l’informatique quantique », a-t-il commenté.
Les semi-conducteurs, enjeu géopolitique majeur
Cette nouvelle intervient peu de temps après que le Japon se soit aligné sur les États-Unis en annonçant des restrictions sur ses exportations d’équipements de fabrication de semi-conducteurs. L’objectif pour l’administration Biden et ses alliés est de limiter l’accès de cette technologie à la Chine. Sans surprise, l’Empire du Milieu a exhorté son voisin à ne pas avoir recours à de telles mesures.
Globalement, les pays leaders dans le secteur technologique multiplient leurs efforts pour stimuler leurs productions locales de puces. En plus du Japon, de la Chine et de la Corée du Sud, les États-Unis ont passé une législation pour inciter les entreprises à produire depuis leur territoire. Pour sa part, l’Union européenne a établi un plan à hauteur de 43 milliards d’euros visant à doubler sa part de marché dans le secteur des semi-conducteurs, qui se situe actuellement à 10 %.