​​La United States-China Economic and Security Review Commission (USCC), agence américaine chargée d’analyser les implications pour la sécurité nationale des relations commerciales et économiques bilatérales entre les États-Unis et la Chine, a publié un rapport sur les risques posés par certaines plateformes d’e-commerce chinoises. Shein et Temu sont particulièrement ciblées, et doivent faire l’objet d’une régulation plus poussée, estime la Commission.

Le modèle commercial de Shein remis en cause

Le rapport s’intéresse principalement à Shein. La plateforme dédiée à la fast fashion était la deuxième plus grande entreprise de commerce électronique au monde en 2021, avec des ventes annuelles de plus de 15 milliards de dollars. Le document souligne également que près de 40 % des consommateurs américains ont déjà acheté des produits sur Shein.

La plateforme, ainsi que son modèle commercial, suscitent plusieurs inquiétudes au sein de la Commission. Son application « demande aux utilisateurs de partager leurs données et leurs activités à partir d’autres applications, y compris les réseaux sociaux, en échange de réductions et d’offres spéciales sur les produits », indique-t-elle. Or, l’entreprise n’est pas reconnue pour protéger efficacement les données des utilisateurs, sa maison mère Zoetop ayant écopé d’une amende l’année dernière pour mauvais traitement d’informations personnelles.

Le rapport pointe également du doigt la qualité médiocre de certains des produits vendus sur Shein, certains d’entre eux pouvant poser des risques pour la santé et la sécurité des consommateurs. Les conditions de travail font, elles aussi, partie des préoccupations de la Commission. L’entreprise s’est en effet approvisionnée en vêtements dans la région chinoise du Xinjiang, mais n’est pas parvenue à prouver qu’ils n’étaient pas le fruit du travail forcé produit par la minorité ouïghoure. Cela constitue une violation de la loi sur la prévention du travail forcé des Ouïgours.

L’impact environnemental de Shein est également dénoncé, ainsi que ses possibles violations de la législation sur la concurrence. En proposant des prix très bas, l’entreprise menace les acteurs américains traditionnels, qui peinent à rivaliser avec des offres aussi attractives.

L’ascension fulgurante de Temu scrutée

L’USCC cible aussi Temu, version internationale du géant de l’e-commerce chinois Pinduoduo lancée à la fin 2022. Le service connaît une ascension fulgurante outre-Atlantique. Il a enregistré une augmentation de 45 % des téléchargements et de 20 % de sa base d’utilisateurs actifs quotidiens après avoir diffusé des publicités pendant le Super Bowl en février dernier. Il se classe même en première position des applications d’e-commerce sur l’App Store, devant Amazon.

« À l’instar de Shein, le succès de Temu soulève des questions quant à ses pratiques commerciales. L’absence d’affiliation de Temu avec des marques établies a suscité des inquiétudes quant à la qualité des produits ainsi que des accusations de violation des droits d’auteur », indique le rapport.

Le mois dernier, Pinduoduo était d’ailleurs supprimée du Google Play Store, à la suite de plaintes concernant la présence de logiciels malveillants permettant de contourner les autorisations de sécurité des utilisateurs et d’accéder aux messages privés. Une démarche catégorique de Google qui n’est pas négligeable, selon les auteurs du rapport.

Le gouvernement appelé à prendre des mesures concrètes

Pour éviter les débordements, la Commission suggère à Washington de prendre des mesures concrètes visant à améliorer la réglementation et le contrôle qualité des produits importés. Elle appelle également à renforcer la protection des données personnelles des consommateurs.

La publication de ce rapport intervient dans un contexte de tensions grandissantes entre les États-Unis et la Chine, menant notamment à l’interdiction de TikTok sur les appareils gouvernementaux dans le pays.