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Des vestes à 11 euros ou des t-shirts à moins de 2 euros : tels sont les tarifs pratiqués par les enseignes de fast fashion. Des prix extrêmement bas, avec pour seul objectif de pousser le client à consommer toujours plus. Un modèle au coût sanitaire, environnemental et industriel élevé. Pour lutter contre ce dernier, l’Assemblée nationale a adopté mi-mars une proposition de loi visant à instaurer un système de bonus-malus sur les produits issus de la fast fashion. Siècle Digital a analysé son contenu avec Antoine Vermorel-Marques, député (LR) de la Loire.

En luttant contre la fast fashion, « nous luttons pour nos emplois et notre environnement »

À 31 ans, ce député est à l’origine d’une proposition de loi pour instaurer un système de malus sur la fast fashion. Toutefois, c’est le texte porté par la députée Horizons Anne-Cécile Violland qui a été voté. Shein, géant chinois du textile, est sans doute le plus grand ambassadeur de la fast fashion. Sur sa plateforme, 7 000 nouveaux produits apparaissent chaque jour. Un modèle de surproduction poussant à une surconsommation, avec des vêtements importés de Chine par avion, finissant bien souvent dans la nature à l’autre bout du monde.

« Nos industriels sont concurrencés par l’ultra fast fashion. Nous avons eu une suppression de 10 000 emplois l’année dernière dans ce secteur. […] Ce modèle de consommation ne nous convient pas et donc il faut lutter contre, pour sauver nos emplois et notre environnement », assène Antoine Vermorel-Marques. Au sujet de la proposition de loi devant lutter contre ce modèle, il explique qu’il ne s’agit pas « d’une taxe supplémentaire ». Pour l’élu, ces produits ne respectent pas les normes sociales, environnementales et sanitaires françaises et européennes. Par conséquent, ils « méritent un malus. De l’autre côté on a des produits plus vertueux, qui respectent les normes et méritent d’être aidés ». Concrètement, la proposition de loi prévoit l’instauration d’un malus qui pourrait représenter jusqu’à 50 % du prix du produit de fast fashion et atteindre un plafond de 10 euros. Il viendrait ensuite nourrir un bonus pour des vêtements français, faisant potentiellement baisser leurs prix.

Autre disposition : la publicité serait interdite pour les marques concernées. Une mesure qui fait grincer des dents à droite. « Je pense que l’enjeu c’est de réguler le marché et pas de l’interdire », explique le député de la Loire. Pour expliquer son opposition, il avance aussi une raison économique : « si vous interdisez la publicité, ça veut dire qu’il y aura moins de ventes, donc moins de malus, et s’il y a moins de malus, il y aura moins de bonus. Le troisième élément est constitutionnel : c’est une forme d’atteinte à la liberté d’entreprendre ». La mesure fera débat au Sénat, le prochain à voter. L’autre élément qui devrait faire débat étant le seuil. Comment déterminer quelles entreprises sont concernées ? Pour Antoine Vermorel-Marques, « la fast fashion ce sont des entreprises qui mettent en ligne plus de 1 000 nouveaux produits par jour, et qui concurrence nos industriels du textile ». Avec une telle définition, les entreprises françaises ne seraient pas impactées.