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L’intelligence artificielle (IA) s’infiltre dans tous les pores de la société, y compris dans les services publics, où cette technologie est utilisée depuis plus de 10 ans. En 2023, devant la démocratisation de l’IA générative, un comité à l’intelligence artificielle a appelé le gouvernement à investir 10 milliards d’euros pour en implanter dans l’administration. Malgré quelques initiatives, l’État semble ne pas vouloir se précipiter. Siècle Digital a donc décidé de faire un point sur la présence et l’utilisation de l’IA avec Émile Marzolf, journaliste pour Acteurs Publics.

L’intelligence artificielle reste peu répandue

Depuis quand l’administration française a-t-elle recours à l’intelligence artificielle ? « Ça fait déjà bien longtemps, depuis au moins 2013 », selon Émile Marzolf. Certains cas d’usages sont bien connus du grand public. La Direction générale des Finances publiques (DGFIP) y a par exemple recours pour la détection de la fraude fiscale ainsi que du foncier innovant tel que les piscines.

Cependant, malgré des années d’utilisation et une explosion du développement de la technologie depuis 2022, l’administration avance lentement. Par conséquent, l’IA demeure peu utilisée et peu répandue. De quoi rassurer quelque peu certains syndicats, qui craignent que cela ne remplace des travailleurs humains à terme.

« C’est un peu la ligne rouge qui transparaît dans le discours politique et des administrations. Elles promettent que ce n’est pas pour supprimer des emplois », explique Émile Marzolf. « Pour l’instant, il n’est pas question de mettre des chatbots améliorés directement au contact des usagers. C’est pour assister l’agent dans sa tâche, » résume-t-il.

Aujourd’hui, le positionnement du service public semble donc plus tourné vers des mesures de productivité que vers des mesures de réduction des coûts. En octobre 2023, une nouvelle expérimentation a été lancée. Des agents volontaires ont utilisé de l’IA pour répondre aux avis et aux commentaires en ligne d’usagers sur la plateforme Services Publics+.

Les premiers résultats ont été annoncés dès le mois de décembre, avec la volonté de généraliser cet outil. « Le délai de réponses a été divisé par 5, passant de 19 à 3 jours, il y a 1 700 agents qui l’utilisent et trouvent ça utile. Ils sont persuadés qu’il va être pertinent, même si le cas d’usage est très limité, » affirme le journaliste d’Acteurs Publics.

L’arrivée en masse de l’intelligence artificielle dans le service public, ce n’est donc pas pour tout de suite. « Il n’y a pas de cas d’usage très transformateur. Pour l’instant, les administrations tâtonnent. […] Mine de rien il y a pas mal de freins, ça a un coût, il faut des données, il faut des compétences aussi, » estime-t-il.