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Le numérique et la technologie comme moyen d’intégration et d’émancipation : telle est la recette de Sistech, l’association mise en avant par Siècle Digital lors du Podcasthon 2024. Une recette permettant à fois de répondre à la précarité des femmes réfugiées, ainsi qu’au manque de main-d’œuvre et de diversité dans ces industries. Pour parler de leurs histoires ainsi que de celle de Sistech, intrinsèquement liées, Siècle Digital a tendu le micro à Joséphine Goube, CEO, fondatrice de Sistech, ainsi qu’à Inès Massa, ancienne bénéficiaire de l’association et aujourd’hui membre de cette dernière.

Sistech « a changé ma vie »

Chaque année, le Podcasthon réunit plusieurs centaines de podcasts, leurs animateurs et animatrices, pour mettre en avant le monde associatif. Chaque émission choisit une organisation à laquelle consacrer l’un de ses épisodes. En 2024, plus de 400 podcasts participent et dans Culture Numérique, c’est l’association Sistech qui a été choisie. Fondée en 2017 par Joséphine Goube, elle est aujourd’hui présente en France, en Italie et en Grèce. Sistech se bat pour l’émancipation des femmes réfugiées, en les accompagnant et en les formant, pour accéder à des emplois qualifiés dans la tech et le numérique, une utopie ou une idée impensable pour beaucoup. « D’une certaine manière, elle [Sistech] a changé ma vie, elle m’a permis de prendre une autre direction, que je n’aurais pas imaginé prendre par le passé », confirme Inès Massa. Cette femme de 35 ans, originaire de la République démocratique du Congo, a bénéficié des programmes de l’association. Aujourd’hui, la développeuse souhaite « renvoyer l’ascenseur » et est devenue une « fellow », une membre active.

Comme les autres associations mises en exergue par le Podcasthon, Sistech continue son travail de fourmis, avec l’ambition de soutenir 1 % des femmes réfugiées en âge de travailler sur le vieux continent d’ici 2033. Elles seraient deux fois plus au chômage que les hommes dans l’Hexagone selon Joséphine Goube, qui cite un rapport du ministère du Travail. 80 % d’entre elles le sont toujours 5 ans après leur arrivée. Grâce aux programmes de Sistech, 71 % des femmes accompagnées ont trouvé une première opportunité professionnelle. Pour la fondatrice, calaisienne, la création de l’association s’est faite naturellement. Elle se souvient que « l’idée de Sistech vient d’une observation à la fois théorique et pratique. J’ai monté une association à Londres, Techfugees, qui crée des technologies avec des personnes réfugiées pour répondre à des besoins d’accès à l’éducation, à la santé… J’ai constaté que peu de femmes venaient à nos ateliers ». « Elles travaillent, sont caissières, dans un métier qui ne leur permet pas de venir », lui expliquent alors les hommes présents. Ce constat pousse la CEO de Sistech à regrouper des données statistiques, à s’entretenir avec les concernées. « J’ai constaté qu’elles étaient toujours prises par des emplois précaires, ou à la maison en train de s’occuper des enfants. […] Beaucoup disaient vouloir faire autre chose », affirme-t-elle. L’idée de Sistech est « bêtement venue de là, des rencontres avec ces personnes-là. C’est une histoire de justice sociale », conclut-elle.