Tous les députés de l’Assemblée nationale ont reçu un mail le 20 mars 2023 les mettant en garde contre une utilisation trop prolongée de TikTok, WhatsApp, Telegram, Snapchat ou encore Instagram. Les élus français sont invités à désinstaller ces réseaux sociaux de leurs appareils puisqu’ils favoriseraient la diffusion d’informations sensibles ou confidentielles.

Les réseaux sociaux chinois, russes et américains, dont TikTok, « bannis » de l’Assemblée nationale

Selon les informations de Politico, les trois questeurs Marie Guévenoux (Renaissance), Éric Ciotti (Les Républicains) et Éric Woerth (Renaissance), dont la fonction est notamment de gérer administrativement l’Assemblée nationale, ont décidé d’alerter leurs collègues sur l’utilisation des réseaux sociaux chinois et américains. « Compte tenu de la hausse des possibilités d’exploitation des données personnelles à des fins d’ingérence étrangère, notamment par l’évolution des conditions d’utilisation des médias sociaux, tels que Whatsapp, Telegram, Signal, Instagram, Snapchat, TikTok […] nous souhaitons appeler votre attention sur l’utilisation de ces applications, » peut-on lire dans le mail envoyé par les trois questeurs.

Ces dernières semaines, plusieurs pays occidentaux ont décidé d’alerter leurs institutions pour qu’elles n’utilisent plus TikTok. C’est le cas du Danemark où les membres du parlement ainsi que ceux de DR, l’entreprise publique de radiotélévision du pays scandinave, ont été vivement invités à ne plus utiliser le réseau social chinois. Aux États-Unis, des membres du Congrès tentent de faire passer une loi qui interdirait l’utilisation de la plateforme pour quiconque sur l’ensemble de son territoire. Enfin, la Commission européenne ainsi que le Parlement européen ont obligé leurs salariés ainsi que les élus à supprimer l’application de leurs smartphones.

La France est la seule à inciter ses élus à ne pas utiliser WhatsApp, Instagram ou Telegram

Toutefois, la France fait figure d’exception, car elle invite également les députés à ne pas utiliser, en plus de TikTok, les réseaux sociaux américains. Connues pour exploiter les informations personnelles de leurs utilisateurs à des fins commerciales, Meta, Snap et Telegram gèrent comme ByteDance les données des députés de l’Assemblée nationale qui les utilisent, « Ces entreprises dépendent d’un droit extraterritorial à l’Europe qui est largement en défaveur des utilisateurs français et ces données peuvent notamment être reversées au bénéfice des services de renseignement étrangers, » précise le mail.

En d’autres termes, les questeurs considèrent que les informations « privées » des députées peuvent être transférées aux services gouvernementaux du pays d’où provient l’application. De ce fait, les données personnelles recueillies par ces applications peuvent se retrouver entre les mains de services de renseignements étrangers, chinois comme américain. C’est ce risque, notamment, qui avait mené à l’invalidation du Privacy Shield en 2020.