D’abord le parlement du Danemark, ensuite DR, l’entreprise publique de radiotélévision du pays scandinave. Ces derniers jours, ces deux organismes publics ont vivement conseillé à leurs employés de désinstaller TikTok de leurs smartphones à usage professionnel. Ces institutions considèrent que la sécurité de leurs données personnelles n’est pas garantie dès lors qu’ils utilisent l’application développée par le chinois ByteDance.

Des institutions publiques danoises se délaissent du réseau social chinois

D’après la BBC, c’est en réponse à un examen de sécurité effectué par le Centre danois pour la cybersécurité que les deux institutions ont décidé d’appeler leurs employés à ne pas utiliser le réseau social chinois. Au sein du pays, les inquiétudes autour de l’application et ses potentiels liens avec le gouvernement chinois continuent de croître.

Cette crainte de TikTok s’est accentuée lorsque ses dirigeants ont affirmé que son personnel avait accès aux données des utilisateurs européens. Une information qui n’a pas été très bien prise par les institutions européennes. La Data Protection Commission, l’autorité irlandaise qui a compétence sur TikTok au sein du territoire européen, a lancé une enquête sur les transferts de données des utilisateurs du réseau social vers la Chine.

Au Danemark, ces annonces n’ont pas été prises à la légère. D’autres entreprises publiques, mais aussi privées ont demandé à leurs employés de désinstaller l’application de leurs appareils. Comme l’indique la BBC, « les journalistes de DR ayant besoin d’accéder à l’application pour effectuer des recherches doivent désormais demander l’autorisation d’utiliser ce que le personnel appelle des téléphones TikTok spéciaux ». Pour l’heure, de nombreuses sociétés danoises utilisent encore l’application, mais il semble assez inévitable que des décisions similaires soient mises en place dans les prochaines semaines.

Ne plus utiliser TikTok, une tendance occidentale

Un peu partout dans le monde, les appels à boycotter le réseau social se multiplient. L’exemple le plus probant est celui des États-Unis où des membres du Congrès tentent de faire passer une loi interdisant l’application sur tout le territoire. Pour l’heure, 32 états américains ont interdit à leurs représentants d’installer TikTok sur leurs appareils connectés. L’application est sous surveillance et fait encore l’objet d’un examen au niveau fédéral. Les membres de la Chambre des représentants et ceux des agences fédérales américaines ne peuvent pas utiliser l’application sous peine de sanctions.

À l’échelle de l’Union européenne, la Commission européenne ainsi que le Parlement européen ont demandé à leurs employés de supprimer le réseau social de leurs appareils professionnels. Bruxelles considère que TikTok constitue une menace pour la sécurité des données personnelles. Le vice-président de l’application chargé de la politique européenne, Theo Bertram, affirme que cette annonce est « une surprise ». Il ajoute que « normalement, nous devrions nous attendre à un certain engagement et à une certaine capacité de comprendre ce qui nous est reproché, qu’elles sont les preuves, pour y répondre. Nous n’avons rien eu de tout cela ».

En France, la question de l’interdiction de TikTok pour les membres du gouvernement se pose. Le porte-parole du gouvernement, Oliver Véran, s’était exprimé dans le cadre d’une conférence de presse, le 1er mars dernier. Il affirmait « qu’aucun téléphone professionnel de ministre n’est équipé de TikTok ou d’autres applications ». Actuellement, une commission d’enquête sénatoriale a été lancée pour mieux cerner le réseau social.

TikTok est acculé, mais n’a pas dit son dernier mot. Avec le plan Texas et le projet Clover, ByteDance espère qu’il pourra se racheter aux yeux du gouvernement américain et des institutions européennes. L’entreprise affirme qu’il veut construire un environnement sécurisé afin d’empêcher que le personnel chinois puisse avoir accès aux données des utilisateurs. 1,2 milliard d’euros par an seront alloués par ByteDance pour mener à bien le projet européen.