Donald Trump en a rêvé, l’administration Biden pourrait le faire. Les négociations avec les autorités américaines à l’arrêt, la direction de TikTok États-Unis réfléchirait à un éventuel découplage avec sa maison mère chinoise ByteDance. Il s’agirait d’une solution de dernier recours.

ByteDance veut convaincre Washington de sa bonne foi avec le « projet Texas »

ByteDance pourrait-il vendre ou introduire en bourse la filiale américaine de son réseau social et ses 100 millions d’utilisateurs ? La question semble se poser au sein de la direction de ladite filiale, alors que son directeur général, Shou Zi Chew, doit comparaître devant le Congrès la semaine prochaine.

Cette solution a été très sérieusement envisagée par Donald Trump en 2020. Des négociations avaient été engagées avec Microsoft à l’époque. L’arrivée de Joe Biden au pouvoir et des difficultés juridiques ont mis fin à l’opération. Le président démocrate a rapidement choisi d’entamer des négociations avec TikTok et sa maison mère pour son maintien aux États-Unis dans des conditions de sécurité satisfaisante.

Depuis deux ans l’entreprise discute avec le Comité des investissements étrangers aux États-Unis (Cfius), réunissant plusieurs agences du pays. C’est dans le cadre de ces échanges qu’a émergé le « projet Texas ». TikTok a pris un certain nombre d’engagements : déléguer à Oracle la gestion des données des utilisateurs américains, un droit de regard sur son algorithme et la mise en place d’un conseil de surveillance validé par Washington.

Perçus comme une menace d’espionnage par la Chine ou comme un canal d’influence, les soupçons de risque pour la sécurité nationale pesant sur TikTok ne se sont pas envolés malgré les discussions. Le Département de la Justice, défavorable au chemin pris par les négociations au sein du Cfius, a mis en suspend les échanges. Dès lors, la situation est devenue floue, incitant la direction de TikTok aux questionnements actuels, en cas d’absence d’autres solutions. Pékin devrait alors valider l’opération.

Ces derniers mois, la pression s’est considérablement accentuée sur le réseau social. Il a été interdit sur les téléphones professionnels des employés fédéraux américains. C’est aussi le cas dans de nombreuses institutions européennes, au point d’inciter TikTok de proposer à Bruxelles une sorte d’équivalent du « projet Texas », le « projet Clover ». En France une commission d’enquête dédiée a été mise en place par le Sénat.

TikTok US est évalué entre 40 et 50 milliards de dollars

Aux États-Unis, plusieurs propositions de loi bipartisanes visent à interdire ou forcer la vente du réseau social. La dernière, début mars, ne mentionne pas directement TikTok, mais permettrait à l’administration Biden de prendre des mesures contre les applications menaçant la sécurité nationale. C’est la première proposition recevant le soutien officiel de la Maison-Blanche.

Un porte-parole de la filiale a répondu à Bloomberg que « Ni une interdiction de TikTok ni une cession de TikTok à ByteDance ne font quoi que ce soit pour répondre aux préoccupations de sécurité nationale concernant les transferts de données ». Il a ajouté que « Dans le cadre du projet Texas, les données TikTok de nos utilisateurs américains seraient soumises à une norme de sécurité nettement plus élevée que toute entreprise américaine comparable ».

Selon l’agence américaine, ByteDance a été évalué à 220 milliards de dollars, lors d’un investissement de 100 millions de dollars de G42, une société contrôlée par le cheikh royal des Émirats arabes unis, Tahnoon bin Zayed Al Nahyan. Une valeur en baisse par rapport à de précédentes estimations. TikTok US pourrait valoir entre 40 et 50 milliards de dollars. Microsoft pourrait toujours être intéressé par l’opération.