L’Allemagne prévoit d’interdire certains équipements de Huawei et de ZTE dans son infrastructure 5G, même les composants d’ores et déjà intégrés dans le réseau.

Une décision forte, alors que l’Allemagne dépend fortement de Huawei

L’agence gouvernementale de cybersécurité et le ministère de l’Intérieur allemands vérifient depuis des mois si les réseaux 5G du pays, en pleine expansion, comportent des éléments susceptibles de compromettre la sécurité nationale. Si l’enquête n’est pas encore officiellement terminée, les résultats semblent clairs et la décision des autorités prise, rapporte Reuters qui cite le média allemand Zeit Online.

Cette interdiction forcerait les opérateurs à retirer et remplacer les équipements qui sont déjà intégrés au réseau, une tâche préjudiciable lorsque l’on sait que l’Allemagne est encore plus dépendante de Huawei pour son équipement de réseau d’accès radio (RAN) 5G que pour la 4G.

L’Allemagne reproche à Huawei et ZTE leurs liens avec les services de sécurité chinois, et craignent que l’intégration de leur équipement dans les réseaux mobiles permettent aux espions chinois d’accéder à des pans entiers d’infrastructures essentielles.

D’autres pays sont déjà passés à l’acte

De leur côté, les deux entreprises et les autorités chinoises nient ces allégations et dénoncent une politique protectionniste de l’Allemagne qui vise à s’en prendre aux technologies issues de l’Empire du Milieu. Un porte-parole de Huawei a mis en avant un « très bon bilan en matière de sécurité » de l’entreprise au cours des 20 années durant lesquelles elle a fourni sa technologie à l’Allemagne et au reste du monde.

Il s’agirait d’un véritable changement de cap de la part du pays européen ; en 2021, il a adopté une loi sur la sécurité informatique qui impose des exigences élevées aux fabricants d’équipements de télécommunications, mais n’a pas interdit Huawei ni ZTE.

Si l’Allemagne passe à l’action, elle rejoindrait les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la Suède ou encore l’Inde à la liste des pays ayant banni les équipements de ces deux sociétés au sein de leur infrastructure 5G, dans un contexte de guerre commerciale de plus en plus prononcée entre les États-Unis et la Chine. À voir, également, quelles répercussions auraient une telle décision de la part d’un des piliers de l’Union européenne sur les autres États membres.

La Chine, elle, met tout en œuvre pour soutenir Huawei et ZTE. Elle leur a notamment accordé, il y a deux ans, le contrat China Mobile afin de construire la moitié du réseau convergent 4G et 5G du pays.