San Francisco veut ralentir le déploiement des taxis autonomes dans ses rues après plusieurs incidents. La ville californienne est plutôt ouverte aux véhicules autonomes, cette annonce devrait donc mettre un nouveau coup de frein à un secteur déjà en difficulté.

L’expansion des services de taxi autonome jugée irraisonnable

Deux entreprises opèrent actuellement des services de taxis autonomes à San Francisco. En juin dernier, Cruise a obtenu un permis pour faire payer les trajets de ses véhicules autonomes entre 22 heures et 6 heures du matin dans une zone restreinte, tandis que Waymo, filiale d’Alphabet, a été autorisée offrir des trajets sans conducteur quelques mois plus tard. Contrairement à Cruise, Waymo ne peut toujours pas faire payer ses trajets sans chauffeur, car elle est en attente d’un permis supplémentaire pour pouvoir procéder. Waymo opère également à Phoenix dans l’Arizona, et Cruise à Austin, dans le Texas.

Cependant, ce sont bel et bien les autorités de San Francisco qui s’exaspèrent. Dans deux lettres distinctes adressées à la California Public Utilities Commission (CPUC), qui régit les infrastructures publiques de l’État, des membres de l’Autorité des transports du comté de San Francisco affirment que l’expansion de ces services « n’est pas raisonnable ». Ils demandent l’arrêt ou le ralentissement de leur déploiement.

De nombreux incidents à San Francisco

Les régulateurs citent plusieurs incidents où les véhicules autonomes semblent en tort. Par exemple, cinq voitures Cruise en panne ont bloqué une rue, retardant d’au moins 13 minutes un bus municipal transportant 45 passagers. En avril dernier, les autorités ont déclaré qu’un véhicule autonome de Cruise s’est arrêté sur une voie de circulation et a « créé une obstruction pour un véhicule du service d’incendie de San Francisco qui se dirigeait vers un incendie ».

Quelques mois plus tard, un autre véhicule Cruise « a écrasé un tuyau d’incendie qui était utilisé sur une scène d’incendie active ». Des taxis autonomes de la marque soutenue par General Motors ont en outre appelé les secours à trois reprises pour des passagers « inconscients », avant que les services d’urgence n’arrivent et constatent que le passager s’était simplement endormi, rapporte The Verge.

La National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), agence fédérale chargée de la sécurité routière, a récemment lancé une enquête sur Cruise suite à des inquiétudes concernant des véhicules qui bloquent la circulation et provoquent des collisions par l’arrière en cas de freinage brusque, après que l’entreprise ait été contrainte de rappeler 80 de ses taxis autonomes à cause de problèmes techniques.

Les régulateurs peinent à faire confiance aux véhicules autonomes

« Le dossier de sécurité de Cruise est rendu public et comprend le fait d’avoir parcouru des millions de kilomètres dans un environnement urbain extrêmement complexe, sans aucune blessure ou décès mettant en danger la vie des personnes », déclare Aaron Mclear, porte-parole de Cruise. L’entreprise attend l’aval de la CPUC pour opérer des robots taxis à toute heure à San Francisco, ce qui pourrait être compromis suite aux lettres envoyées par les régulateurs de la ville.

De manière générale, le secteur de la conduite autonome peine à se frayer un chemin malgré de nombreuses avancées ces dernières années, notamment à cause d’importantes barrières réglementaires. En conséquence, les investisseurs rechignent à miser sur ce secteur, comme le prouve la fin des activités de la start-up Argo AI.

De son côté, Waymo reste confiante : « Ces lettres font partie intégrante du processus réglementaire, et nous apprécions depuis longtemps le dialogue sain que nous entretenons avec les responsables municipaux et les agences gouvernementales en Californie », a déclaré la société, ajoutant qu’elle s’expliquerait plus en détail dans une soumission écrite aux régulateurs la semaine prochaine.