Après deux ans de pénurie, les stocks de semi-conducteurs commencent à augmenter de façon préoccupante. Dans un contexte économique morose, les ventes de smartphones, ordinateurs et produits électroniques en général, chutent. Pourtant, certains secteurs précis, comme l’industrie automobile, continuent à avoir des difficultés à se fournir en puces.
L’industrie des puces rencontre un ralentissement généralisé
Bonne nouvelle pour les consommateurs, moins pour les industriels. Dell et HP, parmi les plus importants fabricants de PC, multiplient les promotions et que les délais de livraison se réduisent de façon notable. Il s’agit d’une conséquence directe de la chute des ventes d’ordinateurs, qui restent sur les bras des deux entreprises. Le secteur des smartphones subit la même situation.
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La frénésie d’achat de produits électroniques au plus fort de la pandémie de Covid-19, durant les confinements, s’est tassée. C’est maintenant au tour de la hausse des taux d’intérêt, de l’inflation, de la peur de la récession de s’imposer.
Cette situation se répercute sur l’industrie des puces, où les stocks s’accumulent également. Nvidia a par exemple expliqué vouloir vider ce qu’il avait sur ses étagères avant de se réapprovisionner. Qualcomm s’attend aussi, depuis juillet, à voir ses stocks s’accumuler avec les baisses de ventes de Samsung et Apple.
Au mois d’octobre, la Semiconductor Industry Association dévoilait que, pour la première fois depuis 2020, les ventes de semi-conducteurs étaient en baisse. Le Wall Street Journal rapporte que la directrice d’Advanced Micro Devices (AMD), Lisa Su a confié « Je pense que le marché va continuer à être volatile ». Durant l’automne, l’entreprise annonçait, en parallèle de Samsung, des chutes de revenus dans le secteur des puces. Le principal concurrent d’AMD, Intel, vit des trimestres difficiles et tente de réduire sa masse salariale.
C’est aussi la décision prise par le fabricant de puces mémoires américain Micron, qui a récemment anticipé une baisse de 10 % de son nombre d’employés en 2023. L’entreprise explique s’attendre à une crise de surabondance jusqu’à septembre de cette année. Son rival sud-coréen SK Hynix avait admis également des chutes de revenus de 60 % dès le troisième trimestre. Seul TSMC semble relativement épargné, grâce aux commandes de ses produits très avancés par Apple. Une analyse d’UBS estime que les stocks de puces sont déjà à leur plus haut niveau depuis 10 ans.
Les investissements sont maintenus dans l’ensemble
Malgré cette situation, pouvant paraître alarmiste, la plupart des entreprises, Intel, Samsung, Micron… ont confirmé ou simplement décalé les investissements monstres promis durant la pénurie, pour construire de nouvelle usine de semi-conducteurs.
Cela ne s’explique pas seulement par les programmes de subventions adoptées à travers le monde. Les sombres perspectives actuelles ne changent pas fondamentalement les prédictions sur l’expansion du marché des puces. Les ventes devraient toujours atteindre les 1000 milliards de dollars d’ici 2030. L’industrie est habituée, depuis les années 80, au phénomène de cycle où une surabondance fait subitement suite à une situation de pénurie.
La situation a tout de même quelques caractéristiques inédites. L’industrie automobile souffre toujours de pénurie de certains types de puces. Cela devrait perdurer jusqu’à fin 2023, avec le boom des voitures électriques, bardées d’électroniques. Au cours de l’été, Dan Hutcheson, directeur général du cabinet spécialisé VLSI Research, avait reconnu son désarroi dans les pages du Financial Times, « Je n’ai jamais vu une période où nous avions des stocks excessifs et des pénuries ».