Lorsque la Federal Trade Commission (FTC) a entamé des poursuites contre Meta pour son rachat de la société de réalité virtuelle Within Unlimited, la firme de Mark Zuckerberg a appris la nouvelle… sur Twitter. Une preuve que l’agence américaine chargée de combattre les pratiques anticoncurrentielles a décidé de durcir le ton face aux géants de la tech.

La FTC veut empêcher l’acquisition

Meta a annoncé l’acquisition de Within Unlimited en octobre 2021 avec l’objectif de l’aider à développer plus efficacement son métavers, future itération d’Internet sur laquelle le géant américain mise tout son avenir. Alors que Meta avait fourni des centaines de documents et de données à la FTC dans le cadre de ce rachat, comme à l’accoutumée lors d’opérations importantes comme celle-ci, la firme n’a reçu aucune réponse négative de la part de cette dernière. Meta a donc estimé que la transaction pouvait aller de l’avant.

En effet, la FTC demande habituellement des témoignages sous serment de la part des dirigeants des entreprises qu’elle poursuit, étape qui n’a pas été effectuée dans cette affaire. L’agence a inculpé Meta pour son rachat le 27 juillet dernier, et les dirigeants de la société l’ont étonnamment appris sur Twitter, rapporte Bloomberg. L’objectif de l’agence est clair : empêcher Meta de faire l’acquisition de la startup spécialisée en réalité virtuelle. Pour rappel, la firme possède la division Oculus, grand leader du secteur.

Une concurrence déloyale sur le marché de la VR

Selon la FTC, ce rachat éliminera directement la concurrence sur ce marché naissant. Elle estime que l’application Supernatural de Within est en concurrence directe avec Beat Saber, un jeu de réalité virtuelle de Meta dans lequel les utilisateurs atteignent des cibles au rythme de la musique. D’après l’agence, l’acquisition va décourager Meta d’utiliser ses ressources déjà existantes pour développer sa propre offre de fitness virtuel. Par conséquent, l’opération diminuerait une concurrence potentielle en donnant à Meta le contrôle du marché et en éliminant l’incitation des autres à participer.

Un casque de réalité virtuelle.

Meta mise gros sur la réalité virtuelle, qui va l’aider à développer son métavers. Photographie : Mediamodifier / Unsplash

Cette démarche de la part de la Federal Trade Commission traduit un comportement plus agressif envers ce type de transactions. Pour rappel, sa présidente, Lina Khan, combat fortement les pratiques des big tech et veut lutter avec plus de férocité contre les monopoles exercés par ces dernières. L’agence assure de son côté qu’un représentant de Meta a rencontré chacun des commissaires avant le dépôt de la plainte. Elle rappelle en outre avoir envoyé la plainte à Meta et à Within après son dépôt, comme l’exige la loi.

Meta n’avais jamais été contestée lors d’un rachat

La manière de faire de la FTC est ciblée par des critiques, ses opposants estimant que cette transaction n’est sans doute pas la bonne pour tenter de durcir le ton. Selon Neil Chilson, technologue en chef de la FTC sous l’administration Trump, l’affaire semble davantage se concentrer « sur la création d’une éclaboussure initiale et d’un récit autour de ce que fait la FTC que sur le résultat d’une autorité juridique durable ».

« S’ils voulaient repousser les limites, il y a de bien meilleures affaires pour le faire », a-t-il continué. « Ce procès est une telle rupture de politique, si injuste et si préjudiciable aux nouveaux investissements que je me sens obligé de m’exprimer », a quant à lui déclaré Gary Shapiro, président de la Consumer Technology Association, une association de lobbying représentant près de 1 500 entreprises du secteur de la tech.

C’est la première fois qu’une acquisition de Meta est contestée de la sorte. Pour rappel, la firme a racheté Instagram et WhatsApp en 2012 et 2014 respectivement, en faisant des plateformes dominantes sur leur marché. Ces rachats font désormais l’objet de poursuites judiciaires, Meta étant accusée d’abus de position dominante.