La Banque des règlements internationaux (BIS) défend dans son rapport annuel (pdf) publié ce 26 juin, l’importance des monnaies numériques des banques centrales (MNBC). D’après elle, les MNBC seront la pierre angulaire des systèmes monétaires de demain pour faciliter les transactions internationales. Le rapport souligne que les cryptomonnaies ont largement contribué à la conception des MNBC, mais qu’au-delà de cette inspiration, elles ne sont pas aussi stables que la monnaie fiduciaire.

Les MNBC s’inspirent des stablecoins

« Tout ce que peuvent faire les cryptomonnaies, les MNBC peuvent le faire en mieux », a déclaré Hyun Song Shin, conseiller économique et responsable de la recherche à la BIS, durant une conférence de presse le 20 juin. Le rapport de la BIS, la banque des banques centrales, va logiquement dans ce sens, mettant en avant les limites des cryptomonnaies. La décentralisation est l’un des dangers mentionnés, elle augmente le risque de transactions illégales.

Pour garantir la stabilité de leur valeur, les MNBC reprennent le fonctionnement des stablecoins. C’est-à-dire une monnaie numérique dont la valeur est adossée à une autre monnaie pour garantir sa stabilité. C’est le cas de TerraUSD qui a récemment vu sa valeur s’écrouler. Ce stablecoin est particulier car il est décentralisé et s’aligne sur la cryptomonnaie Luna. Malheureusement sa valeur a chuté lorsque des personnes ont trouvé le moyen de dupliquer Luna. Pour Hyun Song Shin de la BIS, ce crash de TerraUSD illustre l’instabilité des cryptomonnaies.

Cependant, d’autres stablecoins comme l’USDC et Tether sont adossés directement à la valeur du dollar et continuent à se maintenir pour le moment. La BIS veut s’inspirer de ce fonctionnement pour garantir la stabilité des MNBC. Le rapport reconnaît les avancées technologiques rendues possibles par les cryptomonnaies qui vont contribuer à renforcer le système monétaire des banques centrales.

Une technologie encore en phase d’expérimentation

Plusieurs pays utilisent déjà des MNBC, comme la Chine avec son yuan numérique. En étude depuis plusieurs années, Pékin est à l’avant-garde de ce secteur avec 140 millions de personnes qui l’utilisaient fin 2021. L’Inde est également en train de développer sa propre MNBC, ce qui pourrait renverser l’utilisation encore forte de l’argent liquide dans le pays.

La France, le Royaume-Uni et le Japon effectuent des expérimentations effectuent plusieurs expérimentations sur de courtes périodes pour évaluer l’intérêt de ces monnaies numériques. En théorie, elles devraient permettre des transactions rapides et sécurisées, sans intermédiaire, ainsi que le transfert d’argent à l’international sans frais bancaires.

Pourtant les monnaies numériques de banque centrale ne sont pas sans risques. En tant que système centralisé, une MNBC s’expose au risque d’attaques informatiques qui pourraient entraîner des pertes importantes. La démocratisation des MNBC ne pourra pas non plus se faire dans un contexte de fracture numérique, c’est-à-dire des inégalités d’accès et d’accessibilité aux technologies numériques. L’Atlantic Council, un groupe de réflexion américain en relations internationales, répertorie 109 MNBC dans le monde. Seuls dix pays ont pleinement adopté l’utilisation d’une monnaie numérique, comme la Jamaïque et le Nigéria, où beaucoup de personnes n’ont pas accès à de compte bancaire. Les MNBC sont en phase de recherche et de développement dans l’ensemble de pays européens, encore loin d’une mutation complète du système monétaire.