Pékin n’en a pas fini avec Tencent, l’entreprise technologique la plus riche de Chine. Le média officiel CCTV a annoncé le 24 novembre que le géant devra soumettre toutes ses nouvelles applications et mises à jour à un contrôle par les services de l’État. En parallèle, plusieurs entreprises publiques majeures ont demandé à leurs salariés de supprimer leurs groupes de discussions WeChat.

Les applications Tencent sous surveillance jusqu’à 2022

La pression sur Tencent ne se relâche pas. Le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information (MIIT) a exigé de l’entreprise un examen avant publication de 7 jours des nouveaux services et mises à jour, selon Reuters. Le contrôle devrait durer du 24 novembre au 31 décembre. Pour justifier cette décision, le ministère met en avant les nombreuses violations de la nouvelle loi sur la protection des données de l’entreprise.

Le 3 novembre, le MIIT avait sommé 38 applications de rectifier la collecte exagérée de données. Ces annonces sont devenues monnaie courante au cours de l’année 2021, dans le cadre de la reprise en main par Pékin du secteur technologique.

L’adoption du PIPL, le RGPD chinois, n’indique aucun revirement sur cette répression le temps de la mise en conformité des entreprises, longtemps habituées à une exploitation sans limites des données.

Même WeChat, le service de messagerie et bien plus de Tencent, le plus populaire du pays, avec 1,2 milliard d’utilisateurs, avait dû suspendre durant l’été la création de nouveaux profils. Sur ce point, Tencent rassure dans un communiqué, « Nos applications restent fonctionnelles et peuvent être téléchargées ».

Les entreprises publiques déconseillent WeChat à leurs employés

Sans interdire WeChat, la même semaine, 9 entreprises publiques chinoises ont demandé à leurs employés de supprimer leurs conversations groupées professionnelles sur le réseau. Elles estiment que WeChat n’est pas suffisamment sécurisé, sans plus de précision. Parmi les sociétés concernées, China Mobile, China Construction Bank, China National Petroleum.

Il a été conseillé aux employés de se tourner vers des plateformes destinées aux professionnels comme DingTalk d’Alibaba ou WeCom… De Tencent. Le géant revendique 5,5 millions d’entreprises inscrites sur WeCom et 130 millions d’utilisateurs mensuels actifs.

En réaction à ces deux coups supplémentaires adressés par le pouvoir à Tencent, l’entreprise s’est contentée de faire le dos rond. Elle a commenté « Nous travaillons continuellement à améliorer les fonctionnalités de protection des utilisateurs dans nos apps, et nous avons également une coopération régulière avec les agences gouvernementales concernées pour assurer la conformité réglementaire ».

Au troisième trimestre 2021, Tencent a atteint, malgré la répression chinoise qui affecte son activité depuis un an maintenant, 142,4 milliards de yuans de chiffre d’affaires, soit 20 milliards d’euros. Une hausse de 13% d’une année sur l’autre. Il s’agit en réalité de la croissance trimestrielle la plus faible de l’entreprise depuis son entrée en bourse en 2004.