Le service de prêt Huabei, d’Ant Group, a annoncé sur les réseaux sociaux que les données de son service seront partagées avec la Banque populaire de Chine (BPC) le 22 septembre. Les autorités chinoises obtiennent ce qu’elle désire : une meilleure connaissance sur les crédits à la consommation de sa population.

Une décision qui fait figure d’aboutissement

Huabei devra désormais indiquer chaque mois la date d’ouverture des comptes, les montants des lignes de crédits, l’état des remboursements à la BPC. Dans une déclaration, le service a précisé ne pas transmettre d’informations spécifiques sur les achats ou les transactions de ses utilisateurs. Ces derniers pourront accepter ou non ce transfert de données. Un choix qui n’en est pas un : ceux qui refusent n’auront plus accès à Huabei.

Cette décision est la suite logique de la vague de régulation des géants technologiques chinois. C’est avec les fintech qu’a commencé une année assez terrible pour ces grandes entreprises. En réponse aux demandes de contrôle et d’informations répétées des régulateurs et de la BPC à Ant Group, Jack Ma, alors directeur de l’entreprise, tient un discours très critique sur les autorités en octobre 2020. Il disparaît quelques mois, mais surtout l’introduction en Bourse d’Ant est annulée et la répression commence.

Pékin en guerre contre l’opacité des FinTech

Jusqu’à présent les entreprises de Fintech refusaient de transmettre leurs données, l’une des grandes richesses d’Ant avec ses algorithmes. Pour les autorités cela signifiait surtout un angle mort sur l’exposition des banques à un manque de solvabilité, à d’éventuelles défaillances systémiques.

Huabei, « dépenser simplement » en mandarin, représente des prêts accordés à 500 millions de personnes, avec un encours des prêts à 263 milliards de dollars au 30 juin 2020. Le service a été intégré à l’application de paiement Alipay, et son milliard d’utilisateurs. Les jeunes ayant difficilement accès aux crédits, ce sont ses premiers clients.

L’un des soucis de Huabei pour la BPC, au-delà de son opacité, est son mode de fonctionnement. Il joue le rôle d’un intermédiaire entre des utilisateurs et des banques qui fournissent des crédits. Ant Group récupère une commission non négligeable tout en laissant le risque du prêt reposer presque exclusivement sur la banque.

Ant Group se plie aux volontés de la Banque populaire de Chine

La situation a inquiété Pékin jusqu’au point de rupture. Depuis Ant Group, plus ou moins contraint, veut montrer patte blanche. Avant l’ouverture de ses données à la BPC, la Fintech a accepté de se transformer en holding financière supervisée par la BPC pour obtenir des licences sur ses activités.

Avec l’accord des régulateurs, Ant a créé une nouvelle structure, Chongqing Ant Consumer Finance en juin. Cette dernière doit récupérer les activités notamment d’Huabei. Son but est d’assumer les risques en empruntant aux banques avant d’accorder un crédit.

Selon le Wall Street Journal Ant serait également en pourparlers avec des entreprises d’État pour créer une société d’évaluation de crédit. L’un des objectifs de la BPC. L’entreprise sœur d’Alibaba suit parfaitement la voie tracée pour elle par Pékin depuis que son charismatique fondateur Jack Ma a franchi la ligne rouge. La seule stratégie pour mettre fin au cycle de sanction qui dure depuis un an déjà.