Vijay Shekhar Sharma, fondateur et PDG de la fintech indienne Paytm, va acquérir une participation de 10,3 % dans son entreprise auprès d’Ant Group. Une initiative qui intervient dans un contexte géopolitique tendu entre les deux puissances asiatiques.

Un échange contre une dette convertible

Fondée en 2010, Paytm propose une variété de services, entre autres des paiements mobiles, des transferts d’argent, des recharges de carte SIM, des paiements de factures et des achats en ligne. Notamment soutenue par SoftBank et Ant Group, elle compte plus de 500 millions d’utilisateurs.

Cependant, le géant chinois va échanger près de la moitié de sa participation, soit 10,3 %, dans la société contre une dette convertible. Cela signifie qu’il aura la possibilité d’augmenter sa participation à plus de 23 % à une date ultérieure. D’une valeur d’environ 628 millions de dollars, la participation sera transférée d’Antfin, la société néerlandaise d’Ant Group, à un groupe néerlandais détenu par Vijay Shekhar Sharma. Sa participation dans Paytm passera alors à 19,4 %, tandis que celle d’Ant va diminuer pour se fixer à 13,5 %.

« Je suis fier du rôle de Paytm en tant que véritable champion de l’innovation financière made in India, et de nos réalisations en révolutionnant les paiements mobiles et en contribuant à l’inclusion des services financiers formels dans le pays. Alors que nous annonçons ce transfert de propriété, je voudrais exprimer ma sincère gratitude à Ant pour son soutien indéfectible et son partenariat au cours des dernières années », a précisé Sharma.

Contexte tendu entre l’Inde et la Chine

À travers cette démarche, l’homme d’affaires indien répond aux inquiétudes suscitées par le fait qu’une importante société chinoise dirige l’une des entreprises technologiques les plus connues de l’Inde. Les tensions entre les deux pays ne cessent de croître depuis 2020, lorsqu’un affrontement meurtrier s’est produit à la frontière.

Rien que cette année, l’Inde a ordonné le blocage de plus de 200 applications et sites web, en grande partie liés à la Chine. D’ailleurs, TikTok n’est plus disponible dans le pays depuis près de deux ans désormais. Paytm, avec d’autres start-up indiennes, ont depuis été critiquées pour avoir cédé de vastes participations à des entreprises chinoises. Alibaba a, en conséquence, suspendu la vente de ses actions restantes dans Paytm au cours des derniers mois.

Les investisseurs semblent satisfaits de cette nouvelle transaction. Les actions de Paytm ont bondi de 11 % ce lundi 7 août, s’appuyant sur une hausse de 50 % en 2023. À noter que malgré les tensions, les échanges commerciaux entre l’Inde et la Chine ont atteint 136 milliards de dollars l’année dernière, selon le gouvernement indien.