Dans un avenir proche, Ant Group ne devrait pas déposer de dossier pour entrer en Bourse à Hong Kong et à Shanghai. L’entreprise fondée par Jack Ma préfère temporiser après avoir subi une dernière amende de 7,1 milliards de yuans, soit un peu plus de 900 millions d’euros de la part de Pékin.

Ant Group devrait racheter les parts de ses actionnaires historiques

Spécialisé dans les services financiers et les moyens de paiement, Ant Group détient notamment l’application Alipay. Utilisée par des millions d’utilisateurs en Chine, la solution de paiement créée en 2004 détient 90 % du marché chinois avec sa consœur WeChat Pay.

En octobre 2020, lors d’une déclaration publique, Jack Ma, le fondateur d’Ant Group, a vivement critiqué les banques chinoises contrôlées par l’État, les qualifiant de « prêteurs sur gages » qui étouffent l’innovation dans le pays. Peu de temps après ces remarques, le président chinois Xi Jinping a pris la décision de suspendre l’introduction en Bourse très attendue de l’entreprise, qui était annoncée à 315 milliards de dollars, soit la plus importante de l’histoire.

Cet épisode a marqué le début d’une vaste campagne de régulation au sein de l’Empire du Milieu. Pékin a forcé ses géants de la tech à modifier de nombreuses pratiques jugées anticoncurrentielles afin d’amoindrir leur domination. Didi, le Uber chinois, s’est vu infliger une amende d’un milliard d’euros. Alibaba, le géant de l’e-commerce et propriétaire d’Ant Group, a subi une sanction de 2,3 milliards d’euros. En juillet 2022, il a d’ailleurs décidé de se désengager complètement d’Ant Group pour éviter d’autres restructurations forcées de la part du gouvernement chinois.

Depuis quelques mois, les autorités ont adouci leur régulution du marché. Début juillet, une dernière étape a mis définitivement un terme à cette période très compliquée. Pékin a annoncé le verdict de l’enquête lancée en 2021 contre Ant Group. La société a été sanctionnée d’une amende de 900 millions d’euros pour, entre autres, ne pas avoir respecté la législation chinoise sur la protection des consommateurs.

Dans le même temps, la société doit se restructurer en tant que holding financière, souhait de Pékin. Elle serait ainsi soumise à des règles et exigences similaires à celles imposées aux banques.

Un grand nombre d’analystes pensait qu‘Ant Group en profiterait pour déposer une nouvelle demande d’introduction en Bourse. Ce ne sera pas le cas. D’après l’agence de presse chinoise, China News Agency, Ant Group ne devrait pas déposer de demande de cotation dans l’immédiat afin de mener un programme de rachat d’actions, notamment auprès d’actionnaires historiques. Mais celle-ci s’effectuera sur la base d’une valorisation 70% inférieure à celle qui avait été retenue en 2020.