Alibaba, Baidu et Sense Time ont chacun présenté leurs propres intelligences artificielles (IA) génératives au cours des derniers mois. Ant Group, autre entreprise chinoise, a annoncé, le 21 juin, son propre agent conversationnel dédié au secteur de la finance.

Zhen Yi de Ant Group vient compléter les autres IA du marché

Baptisé Zhen Yi, l’intelligence artificielle générative de Ant Group est en développement depuis plusieurs mois. Initialement révélée par le média Chinastarmarket, l’information a été confirmée par un porte-parole de l’entreprise à Bloomberg. En 2022, Ant Group a investi près de 20,5 milliards de yuans, soit 2,5 milliards d’euros, en recherche et développement. Une grande partie a été consacrée à cette IA. Un montant d’investissement inégalé depuis 2019, soit l’année qui précède la descente aux enfers de l’entreprise.

En octobre 2020, Jack Ma, fondateur d’Ant Group, a qualifié publiquement les banques chinoises, contrôlées par l’État, comme des « prêteurs sur gages » bloquant l’innovation dans le pays. Quelques jours plus tard, le président chinois Xi Jinping a suspendu l’introduction en Bourse de l’entreprise, pourtant annoncée comme la plus importante de l’Histoire. Ant Group a été, ensuite, forcé de se restructurer en holding financière. Le géant a été soumis à des règles et à des exigences en matière de capital similaires à celles des banques. L’an dernier, Alibaba, déjà condamné à une amende de 2,3 milliards d’euros, s’est détaché définitivement de sa filiale pour ne pas subir davantage de régulation de Pékin.

Géant de la fintech, Ant Group détient le système de paiement ultra-populaire en Chine, Alipay. La solution de paiement créée en 2004 se partage 90 % du marché chinois avec sa consœur WeChat Pay. Avec sa nouvelle IA, Ant Group devrait renforcer son activité sur le secteur. Zhen Yi permettrait d’être utilisée sur Ant Fortune, une plateforme d’investissement de l’entreprise. Elle devrait utiliser ses capacités de prédiction pour fournir aux utilisateurs des conseils de placements plus intelligents.

Cette IA viendrait compléter les solutions des autres entreprises chinoises. En mars dernier, Baidu a dévoilé Ernie Bot, un équivalent à ChatGPT pour son moteur de recherche. Le robot a déçu les investisseurs par son manque d’originalité et son manque d’innovation. Alibaba et Sense Time ont, quant à eux, présenté leur IA en avril dernier. Orientés pour les entreprises, SenseNova et Tongyi Qianwen servent, pour le moment, à traduire en temps réel, à développer du code et à analyser des bases de données.

Le développement des IA génératives en Chine devrait bénéficier de l’absence de concurrence des entreprises américaines. OpenAI, MidJourney ou encore Anthropic AI ont été bannis du cyberespace chinois. Baidu, Ant Group, Alibaba, Sense Time pourrait, cependant, ressentir les restrictions commerciales américaines sur les puces. Depuis quelques mois, les sociétés chinoises ont été placées sur l’Entity List, la liste noire du département du Commerce américain. Toutes les puces suffisamment puissantes pour entraîner et faire fonctionner des IA, principalement celles de Nvidia, ne peuvent plus être vendues aux entreprises de l’Empire du Milieu. En réponse, Nvidia a tout de même développé un composant suffisamment bridé pour être commercialisé, pour le moment.