Ant Group a initié en septembre une phase d’essai consistant à proposer les services d’Alipay chez son grand rival WeChat. La super application chinoise de Tencent possède pourtant une solution similaire et concurrente : WeChat Pay.

Depuis deux ans, l’Empire du Milieu œuvre avec fermeté pour amoindrir les empires de ses géants. À coups de réglementations, enquêtes, et sanctions, le pays souhaite une concurrence plus juste, notamment pour favoriser l’émergence de nouveaux fleurons technologiques. Xi Jinping a même fait d’Ant Group, maison mère d’Alibaba, un exemple, en forçant l’entreprise à s’amputer de ses activités financières et réorganiser son conseil d’administration.

Un premier pas pour Alipay, mais qui manque d’interopérabilité

Accessible à un petit nombre de personnes, Ant Group est resté discret sur cette phase de test. Cependant, elle intervient dans une période où son activité de finance peine à retrouver une croissance stable. La faute au traitement que lui réservent les autorités, autant qu’aux restrictions et incertitudes économiques liées au covid.

Dans cette continuité, Alipay s’ouvre au vaste espace numérique de WeChat et son 1 milliard d’utilisateurs actifs mensuels. L’interopérabilité n’est cependant pas encore au rendez-vous. Un utilisateur d’Alipay devra générer un QR code correspondant à un montant, qui sera ensuite partagé à un autre utilisateur sur WeChat, qui ensuite devra utiliser Alipay pour récupérer ses fonds. Impossible, pour l’instant, d’ouvrir ce règlement dans WeChat Pay complète le South China Morning Post.

Il n’empêche, c’est tout un symbole ! Depuis toujours, les grandes plateformes se mettent des bâtons dans les roues. Alibaba a bloqué l’utilisation de WeChat Pay sur l’ensemble de ses places de marchés et applications. De son côté, Tencent empêche toute connexion entre sa super application et celles de concurrents. On retrouve naturellement celles d’Alibaba, mais aussi ByteDance, qui a plusieurs services, comme Toutiao, ou Douyin, la version chinoise de TikTok. L’entreprise avait d’ailleurs porté plainte contre Tencent en février 2021 pour pratiques déloyales.

Depuis plus d’un an, ce protectionnisme ne passe plus pour le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information, dirigé par Miao Wei depuis 2010. Sachant ce qui les attend si elles ne rentrent pas dans le rang, les grandes plateformes se mettent au pas et se plient aux volontés de Pékin. C’est ainsi qu’en septembre 2021, WeChat a fini par autoriser le partage de liens externes sur son application, suivi de près par Alibaba.

Cette nouvelle étape pourrait déboucher sur une autre, l’interopérabilité d’Alipay et WeChat Pay. À eux deux, les services de paiement mobile détiennent tout de même 90 % du marché.