Le 1er juillet 2020, l’Inde a pris la décision de bannir le réseau social TikTok, ainsi que plusieurs dizaines d’autres applications appartenant à ByteDance, ou Tencent. Cette interdiction est la conséquence d’une confrontation entre les forces armées chinoises et indiennes ayant fait 20 morts côté indien. Plutôt que de répliquer militairement et entraîner une escalade de violence possiblement dangereuse, la réponse a été économique : 59 applications de l’empire du Milieu sont à présent bannies.

La plus en vue était évidemment TikTok, très populaire dans le pays où elle peut compter sur plus de 200 millions d’utilisateurs, et un système publicitaire en pleine croissance. Bien que l’interface y soit plus simple que chez nous, ou aux États-Unis, les fonctionnalités générales sont les mêmes, attirant toujours plus d’indiens. Ces fonctionnalités, on les retrouve également dans une application rivale, et locale : Roposo. Cherchant des alternatives leur permettant de continuer à partager leurs vidéos, elle s’est présentée comme la solution la plus intéressante.

Lancée en 2014 par Mayank Bhangadia, elle s’est rapidement retrouvée dépassée par TikTok, et logiquement, elle a bénéficié de son blocage. Comme rapporte Reuters, elle a gagné plus de 22 millions d’utilisateurs en seulement 48 heures. Une croissance qui n’est pas sans conséquences pour du côté de ses serveurs. « Ces derniers jours, j’ai dormi cinq heures au total, et c’est la même chose pour toute notre équipe. La charge est tellement importante et nous veillons uniquement à ce que l’expérience soit aussi fluide que possible, » a expliqué Mayank Bhangadia.

Culminant à 80M de téléchargements, rien que sur Android, le fondateur de Roposo s’attend à passer le cap des 100 millions dans les jours qui viennent. Ce score lui permettra de doubler son nombre d’utilisateurs, puisque le réseau social comptait 50 millions d’installations avant que TikTok soit bannie.

Le maintien des nombreuses interdictions pourrait évidemment bénéficier à l’économie indienne, et à ses alternatives. Si cette tendance se poursuit, Roposo pourrait passer de 200 employés à 10 000. Un montant vraisemblablement à la hauteur de ses ambitions, qui doit également intéresser le gouvernement indien. « Nous devons créer notre propre écosystème, chaque pays l’a fait, c’est notre programme atma-nirbhar [Inde autosuffisante, ou autonome, ndlr], » avait précisé un ministre.

Avec pas moins de 59 applications chinoises bloquées, il est évident que des alternatives vont en bénéficier. Si l’Inde souhaite est si autonome, va-t-elle également se débarrasser des prises de position américaines ? Notamment dans les secteurs du retail et du ecommerce, où l’on retrouve Amazon, Facebook, et Walmart.