Ce mercredi 11 décembre, la société télécom allemande Telefonica a annoncé avoir choisi Huawei et Nokia pour la construction de ses équipements 5G en Allemagne. Cette déclaration tombe alors que l’Europe est en pleine discussion politique pour autoriser au non la société Huawei à s’installer sur le territoire.

Huawei en mauvaise posture depuis ses déboires avec les États-Unis

Tandis que les États-Unis ont banni Huawei de la participation au développement de la 5G sur le territoire américain, invitant au passage ses alliés à faire de même, l’Europe, elle, est encore en pourparler sur le sujet.

La société chinoise, suspectée d’utiliser ses produits 5G à des fins d’espionnage aux États-Unis, est également accusée de ne pas avoir respecté les lois d’exportation américaine. Une demande d’extradition du Canada a été envoyée à cet égard à Meng Wanzhou, fille du fondateur de Huawei, et directrice financière de la société. Le procès est prévu pour janvier 2020.

Autant dire que la société chinoise se doit d’oeuvrer ailleurs qu’aux États-Unis pour continuer ses transactions. Aussi, si l’entreprise a récemment contesté les décisions de la Federal Communications Commission (FCC) qui considère Huawei comme une menace pour la sécurité, ayant même décidé de poursuivre la FCC en justice, elle songe en parallèle à délocaliser son centre de recherches au Canada, et construire une nouvelle usine en Europe, déclarait son fondateur, Ren Zhengfei, au Globe and Mail la semaine dernière.

L’Europe rechigne à se plier aux volontés des États-Unis

Le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande se sont ralliés à la volonté de l’Oncle Sam, mais les choses ne sont pas aussi évidentes au sein de l’Union européenne.

Il faut dire que les pays de l’Union européenne risquent d’être en difficulté. Si le Japon dispose de Rakuten pour assurer le déploiement de la 5G, l’Europe, elle, reste soumise aux distributeurs étrangers. Le vieux continent a malheureusement raté le coche, et le déploiement de la 5G sur le territoire ne pourra se réaliser qu’au travers de contrats signés avec le plus offrant.

Ainsi, la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances avait déclaré : « le gouvernement ne prendra pas de position d’exclusion ou d’autorisation automatique car nous avons une responsabilité : la sécurité des français », ou comment ménager la chèvre et le chou…

Plutôt que de définitivement repousser Huawei, la France a préféré mettre en place un régime d’autorisation préalable auprès de l’Agence nationale de la sécurité et des systèmes d’information (ANSSI) pour tous les opérateurs. Ce texte connu pour être le décret « anti-Huawei », voté en juin 2019 par le Sénat, est désormais passé au Journal Officiel. Ainsi, tout déploiement d’équipement 5G devra recevoir l’autorisation de l’ANSSI : « Les cyber-experts de l’Etat contrôleront les appareils… mais aussi le lieu exact et les conditions d’installation » peut-on lire dans Les Echos. L’un de ces experts a ainsi déclaré au journal : « le gouvernement n’écrit pas tout dans la loi. les choses vont se faire de façon plus subtile. ».

Des mesures sont toutefois déjà mises en place, la loi précise qu’il n’y aura pas d’antenne Huawei à Paris, et une interdiction formelle de déployer des antennes 5G dans les zones dites « stratégiques » à l’instar des bases militaires ou industrielles par exemple.

On comprend mieux pourquoi la décision de la filiale allemande fait grand bruit : « Nokia et Huawei seront responsables, à parts égales, de la modernisation de nos équipements avec la technologie 5G » a déclaré Telefonica.

Pour rappel, la chancelière Angela Merkel avait appelé les pays européens à « unifier leur politique face à Huawei », sans pour autant inscrire l’entreprise sur « liste noire », précise le Figaro. La décision de la société allemande a toutefois échauffé les esprits, et de nombreux parlementaires ont ainsi réclamé une loi qui interdirait la présence d’Huawei sur le marché allemand.

Pour l’heure, Telefonica a précisé que son partenariat avec Huawei et Nokia « est toutefois suspendu à la certification réussie de la technologie et des entreprises » menée par le pouvoir politique à Berlin, rapporte le Figaro. Le parti d’Angela Merkel a pour le moment voté la régularisation de l’accès à l’infrastructure 5G en demandant à ce que le « catalogue de sécurité » soit vérifiable, et clair. Affaire à suivre dans les prochains mois…