Huawei a déclaré lors d’une interview pour le quotidien canadien Globe and Mail, vouloir déplacer son centre de recherche au Canada. Cette délocalisation est due à l’hostilité des États-Unis, qui ont interdit aux réseaux américains de télécommunication d’acheter de l’équipement à des sociétés étrangères, évoquant des raisons de sécurité nationale.

Une délocalisation encore incertaine

Suspectée d’utiliser ses produits 5G à des fins d’espionnage, la Chine cherche à délocaliser son centre de recherche. En effet, Washington a tout simplement interdit à la compagnie Huawei de participer au développement 5G sur le territoire américain, et a même pressé ses alliés de faire de même.

Aussi, la Nouvelle-Zélande et l’Australie se sont exécutés, tandis qu’à Ottawa, les autorités n’ont toujours pas tranché sur le sujet. La délocalisation n’est donc pas encore certaine. D’autant que les relations ne sont pas vraiment au beau fixe depuis l’arrestation en 2018 de Meng Wanzhou, fille du fondateur de Huawei.

Les autorités canadiennes ont en effet arrêté la directrice financière de Huawei à Vancouver l’an passé, suite à une demande d’extradition de la part des États-Unis, qui menaient une enquête contre la société depuis 2016. Le Globe and Mail avait alors soutenu que cette arrestation faisait suite à des allégations selon lesquelles « Huawei aurait envoyé des produits américains vers l’Iran et d’autres pays » violant ainsi les lois américaines sur l’exportation.

Il semblerait toutefois, compte tenu des souhaits évoqués par Ren Zhengfei que les dirigeants tiennent davantage les États-Unis pour responsable, cherchant à utiliser Meng Wanzhou comme un pion pour dégrader les relations entre la Chine et le Canada : « L’objectif fondamental des États-Unis est d’essayer d’écraser Huawei, et Meng Wanshou a uniquement été utilisée comme un pion », déclare ainsi le fondateur d’Huawei au quotidien canadien.

Si Huawei a déjà augmenté son nombre d’employés au Canada, tandis que des postes étaient supprimés aux États-Unis cet été, rien ne dit que l’opération pourra être réalisée. Et si, en attendant le début des audiences d’extradition aux USA prévu le 20 janvier prochain, Meng Wanzhou se disait sereine, louant même dans une lettre ouverte (parue hier sur le site d’Huawei), la gentillesse des personnes autour d’elle, la Chine, elle a suspendu depuis son arrestation ses importations de viandes canadiennes et de canola, provoquant ainsi de lourdes pertes pour les agriculteurs canadiens. Pur hasard, ou moyen de pression. L’avenir nous le dira peut-être.

Par ailleurs, le journal Reuters rapporte que la société chinoise a également l’intention de créer un centre de recherche en Europe, pour fabriquer des équipements de réseau de cinquième génération (5G). Pas sûr que cette décision plaise à tout le monde, en particulier les européens.

Si les dirigeants reconnaissent volontiers le retard que le vieux continent a pris à cet égard, certains, Emmanuel Macron en tête, ont toutefois appelé à réagir sur le manque de coordination entre opérateurs pour le déploiement de la 5G. Le président français avait ainsi rappelé qu’en laissant la place aux autres… nous perdions notre souveraineté, avait-il déclaré début novembre : « si nous n’agissons pas, dans 5 ans je ne saurai pas dire à mes concitoyens « Vos données sont protégées ». ». Affaire à suivre…