À l’occasion d’un séminaire en début de semaine, la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, a annoncé que la Commission européenne allait examiner en profondeur le marché de l’intelligence artificielle (IA) générative. Selon elle, « l’impact de l’IA doit être une priorité pour les responsables de la politique de contrôle des concentrations des marchés »

Margrethe Vestager veut éviter une consolidation du marché de l’IA

Ces investigations cibleront tout particulièrement les partenariats entre géants de la tech et les start-up. « Nous devons attentivement examiner cet écosystème. Nous devons tenir compte de l’impact de l’IA dans la manière dont nous évaluons les fusions entre les entités. Nous devons même réfléchir à la manière dont l’IA pourrait conduire à de nouveaux types de collusion algorithmique », a-t-elle déclaré.

L’essor rapide de l’IA générative a mis en lumière la manière dont son développement était dominé par une poignée d’entreprises, celles déjà bien implantées dans le secteur de la tech. Ainsi, Google et Meta, conscients de leur retard face à OpenAI, ont mis les bouchées doubles pour sortir leurs grands modèles de langages (LLM). La firme de Mountain View a d’ailleurs investi dans Anthropic, tout comme Amazon, qui suit de près l’évolution du secteur et qui exploite la technologie en interne.

Toutefois, le partenariat le plus en vogue reste celui entre OpenAI et Microsoft. Ce dernier a investi plusieurs milliards de dollars dans la maison mère de ChatGPT, au point de détenir 49 % de son capital. En janvier, la Commission européenne avait annoncé qu’elle se pencherait sur cette collaboration. L’autorité cherche à savoir si leur partenariat était révisable en vertu de la réglementation européenne sur les fusions. Une enquête similaire a été ouverte par la Federal Trade Commission qui suspecte une future consolidation du secteur.

L’Union européenne s’inquiète que le marché de l’IA ne soit dominé par une petite poignée d’acteurs américains. C’est ce que craint également l’Autorité de la Concurrence qui certes, n’a pas formellement ouvert d’enquête, mais qui a lancé une consultation publique pour recueillir un maximum d’avis de part des acteurs du marché et de leurs clients.

Le mois dernier, Margrethe Vestager s’était rendue en Californie, allant à la rencontre des dirigeants de plusieurs géants américains. À cette occasion, la commissaire européenne à la concurrence avait insisté sur le respect des politiques antitrust européennes et du Digital Market Act (DMA). Plus que jamais, 2024 ne sera pas de tout repos pour les grands groupes et les régulateurs.