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Atos parviendra-t-elle à sortir de la crise ? Depuis 2021, la situation financière du groupe est critique. Étranglé par une dette de 5 milliards d’euros, il peine à trouver des liquidités, alors que les échéances approchent. Pour tenir les délais, un plan de scission a été lancé à l’été 2022. Depuis, Atos va de déconvenue en déconvenue. L’accord trouvé avec le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky pourrait tomber à l’eau. Pour sauver le fleuron tricolore, des députés proposent une nationalisation temporaire. En attendant une issue, des milliers de salariés restent dans l’incertitude. Comment un géant, qui avait tout pour réussir, a pu connaître une telle chute ? Va-t-il droit dans le mur ? Pour le savoir, Siècle Digital s’est adressé à Leïla Marchand, journaliste aux Échos.

Atos, « une ascension suivie d’une chute »

Atos dispose d’une « histoire assez compliquée », selon Leïla Marchand. En 1997, « C’était une petite SS2I au bord du dépôt de bilan, avec 3 000 salariés pour environ 300 millions d’euros de chiffre d’affaires », résume la journaliste. En 2023, le groupe a atteint les 100 000 employés, pour 11 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. Ses activités historiques ? La gestion de parcs informatiques. Dès la fin des années 2000, la société se diversifie. « Le rachat de Bull leur a permis de se muscler dans le Big Data et la cybersécurité, mais ils fabriquent également des supercalculateurs. Ils se sont aussi lancés dans le quantique », énumère Leïla Marchand. « On a vu ce groupe grossir démesurément, devenir un grand nom de l’informatique français, une gloire du CAC 40 et là tout d’un coup, cette trajectoire malheureuse. Une ascension suivie d’une chute », se remémore-t-elle. Alors que tous les voyants semblent au vert, les ennuis commencent en 2021, Atos perd de l’argent. Pour sauver les meubles, un plan de scission est présenté en 2022. D’un côté, les activités historiques d’infogérance regroupées sous une entité nommée Tech Foundations. De l’autre, une entité appelée Eviden, avec les activités en croissance, telle que la cybersécurité et le Big Data.

Très vite, un homme se montre intéressé par Tech Foundations : Daniel Kretinsky, milliardaire tchèque. « Quand ils ont annoncé les négociations en août, nous sentions bien que l’affaire était quasiment pliée, que pour eux c’était la solution pour sauver le groupe », affirme la spécialiste. Cependant, l’accord trouvé avec l’homme d’affaires inquiète, au point d’être remis en cause. « C’est monté en épingle au niveau politique », commence-t-elle, avant d’expliquer que « surtout, les actionnaires d’Atos étaient remontés contre cet accord. Ils considéraient que Tech Foundations valaient beaucoup plus ». Ces derniers s’en sont également pris à la participation que le milliardaire allait prendre dans Eviden. Pour cette branche-ci, Airbus a fini par se montrer intéressée, notamment pour le rachat des activités cybersécurités. Mais aucun accord n’a été annoncé, tandis que la situation avec Daniel Kretinsky pour Tech Foundations semble critique. Serait-ce la fin d’Atos ? « Pour la première fois dans son communiqué au début de l’année, le groupe a parlé d’une possibilité de faillite », rappelle Leïla Marchand.