Le régulateur chinois a retiré de son site internet le projet de loi visant à encadrer les achats et récompenses proposés dans les jeux vidéo. Une volte-face qui pourrait être inédite.

Présenté le mois dernier, il avait eu l’effet d’un coup de massue pour un secteur déjà mis en difficulté par de précédentes lois. Les nouvelles mesures souhaitées par la NPPA (National Press and Publication Administration) impliquaient la limitation des achats in-app, système sur lequel reposent pourtant bon nombre de modèles économiques de jeux vidéo, que ce soit sur smartphone, PC, ou console. Dans certains cas de figure, le projet imposait aux applications d’afficher une pop-up si le joueur avait un comportement « irrationnel ».

Très vite, les cours en bourse des géants du secteur comme Tencent ou NetEase avaient dévissé. Très vite, la NPPA avait annoncé qu’elle pourrait revenir sur ses mesures au terme du mois de consultation publique et qu’elle « modifierait davantage les règles après avoir pris en compte les opinions des organismes gouvernementaux, des entreprises et des utilisateurs concernés ». Une démarche saluée, mais pas encore suffisante. Car côté grogne, ce texte surprise a fait des émules.

Dans le Study Times, un journal étudiant de l’École centrale du Parti communiste chinois, un article invitait les autorités à arrêter « d’osciller entre surveillance laxiste et réglementation trop stricte afin que les grandes entreprises technologiques chinoises puissent avoir une marge de manœuvre ». Plus bas, ses rédacteurs appelaient à une meilleure « coordination entre les organismes gouvernementaux et les régulateurs pour éviter la multiplication de contrôles inutiles ».

Quelques jours plus tard, en signe d’apaisement, le gouvernement congédiait Feng Shixin, haut responsable consulté par Pékin pour le projet de loi. Il lui était, officiellement, reproché de ne pas avoir pris en compte les avis des principales sociétés de jeu vidéo, ni échangé avec les organes économiques du pays avant de partager ses recommandations.

Les autorités chinoises semblent comprendre qu’elles marchent sur des œufs avec un énième cadre restrictif. La consultation a pris fin hier, et le retrait du projet du site de la NPPA, inhabituel, en est la preuve. Néanmoins, il est peu probable que le projet soit tout simplement annulé. Les articles les plus litigieux, notamment celui sur les achats intégrés, devraient être revus et largement assouplis.

Les cours en bourse de Tencent et NetEase sont repartis à la hausse, mais n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant. Fin décembre à la présentation du projet de loi, Tencent avait perdu 80 milliards de capitalisation.