Tel un funambule, Pékin s’attelle depuis près de deux semaines à apaiser les inquiétudes des géants de l’industrie du jeu vidéo. Le 22 décembre 2023, le gouvernement chinois annonçait l’arrivée de nouvelles mesures restrictives à l’encontre des joueurs, ce qui a eu pour conséquence de faire chuter leurs actions.
Pékin veut resserrer son contrôle sur l’écosystème des jeux vidéo, en douceur
En présentant ces nouvelles mesures visant les paiements intégrés, la National Press and Publication Administration (NPPA) cherchait à resserrer son contrôle sur l’écosystème du jeu vidéo tout en limitant l’addiction des joueurs. Toutefois, l’autorité ne s’attendait pas à ce que Tencent et NetEase, les deux mastodontes chinois du jeu vidéo, perdent près de 80 milliards de dollars de leur valeur en quelques heures.
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Quelques jours plus tard, la NPPA décidait de calmer le jeu, décidant d’allonger la liste de jeux autorisés dans l’Empire du Milieu, en incluant 105 titres nouveaux titres vidéoludiques, six mois après le dernier élargissement. Une grande partie d’entre eux sont justement exploités par NetEase et Tencent. Une manière pour les autorités chinoises de prouver qu’elles soutiennent le développement du secteur des jeux vidéo, malgré les restrictions. Suite à ces annonces, le cours de l’action des deux groupes a connu une légère hausse, mais reste toujours inférieur à celui du 21 décembre dernier.
Aussi, le régulateur chinois a annoncé qu’il se donnait jusqu’au 22 janvier pour recueillir les opinions des organismes gouvernementaux, des entreprises et des utilisateurs concernés par les mesures avant de forger son jugement définitif. Les principaux développeurs de jeux ont été convoqués par Pékin et les régulateurs provinciaux pour des séminaires à huis clos afin de discuter de la faisabilité et de l’impact du projet de réglementation.
Enfin, le gouvernement chinois a pris une décision drastique en évinçant Feng Shixin, un haut responsable de l’organisme chinois de réglementation des jeux, lié au département de la propagande du Comité central du Parti communiste chinois. Il avait notamment été consulté par Pékin pour la mise en place de ces nouvelles mesures restrictions en lien avec les paiements in-app. Feng Shixin aurait été demi de ses fonctions pour ne pas avoir consulté les principaux superviseurs économiques du pays, ni pris en compte les avis des principales sociétés spécialisées dans le jeu vidéo, avant la publication de ces mesures.
Enfin, un journal proche du Parti communiste chinois, le Study Times, a exhorté les régulateurs d’aller plus loin. Dans un article publié le 3 janvier, le média suggérait au gouvernement chinois de mettre fin à l’oscillation « entre surveillance laxiste et réglementation trop stricte afin que les grandes entreprises technologiques chinoises puissent avoir une marge de manœuvre ». Elle invitait aussi Pékin à « prendre en compte les points de vue de toutes les parties, en particulier celles qui sont réglementées pour éviter d’interrompre les activités commerciales normales ou de provoquer des risques inattendus ».