Une résolution du conseil portugais de la cybersécurité (CSSC) interdit à Huawei, depuis fin mai, de proposer aux opérateurs ses équipements pour les réseaux mobiles 5G. L’entreprise chinoise n’a pas accepté la sanction. Le 31 août 2023, Huawei a déposé une plainte auprès d’un tribunal de Lisbonne dans le but de retirer cette résolution qu’elle considère comme injuste.

Huawei se sent visé, le Portugal tente de se justifier

« Huawei Portugal cherche à protéger ses intérêts légitimes et ses droits légaux en vertu de la loi, en tant que société dûment établie au Portugal », a répondu un porte-parole du groupe chinois aux sollicitations de Reuters. Pour Mario Campolagro, le secrétaire d’État à la numérisation et le président du CSSC, « les délibérations de mai étaient basées sur une évaluation de sécurité indépendante et stricte, conforme aux directives de l’Union européenne, et ne ciblaient pas spécifiquement les fournisseurs chinois ».

Si la mesure proposée par le CSSC ne vise pas directement l’entreprise, elle interdit aux opérateurs portugais de s’approvisionner en équipements 5G auprès de fournisseurs basés en dehors de l’Union européenne. Une exception subsiste si ces sociétés proviennent de pays de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ou de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Pour le Portugal, toute entreprise située hors de ces organisations représente un « haut risque » pour la sécurité des réseaux mobiles 5G. Inévitablement, la Chine fait partie de ces pays. Ainsi, Huawei subit de plein fouet cette nouvelle restriction, elle qui est bien implantée dans le pays ibérique.

Une action en justice qui pourrait faire acte de jurisprudence ?

Pour le géant chinois des télécoms, il ne s’agit pas d’une première. Le Canadala Suèdele Royaume-Uni, le Danemark, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont déjà banni Huawei de leurs équipements 5G. Toutefois le pionnier reste les États-Unis qui mènent une guerre sans relâche contre l’entreprise entamée lorsque Donald Trump était président.

Au Portugal, cette décision a été vue comme un important revirement. En 2019, le Premier ministre portugais António Costa assurait que les entreprises chinoises avaient « fait preuve d’un respect total du cadre juridique et des règles du marché » du pays. Quatre ans plus tard, le pays rejoint les États-Unis et l’Union européenne, qui considère que l’implication d’entités chinoises ou plus généralement de la Chine dans des infrastructures critique compromet leur sécurité.

Huawei espère que le tribunal « remédierait aux multiples violations de ses droits et à l’impact préjudiciable important de la résolution sur l’entreprise et ses partenaires ». De son côté, le CSSC affirme que les opérateurs portugais étaient déjà en train d’élaborer leurs plans pour « atténuer les menaces et les risques » en se fournissant auprès de sociétés de l’UE, de l’OTAN ou de l’OCDE.