L’Union européenne envisage d’interdire aux États membres de faire appel à des entreprises qui présenteraient un risque pour la sécurité de leurs réseaux 5G. Dans la short list des sociétés ciblés par les instances européennes, le géant chinois des télécommunications Huawei.

La Commission européenne souhaite que les États membres se prononcent sur le cas Huawei

Selon les informations recueillies par le Financial Times auprès des responsables en lien avec cette mesure, plusieurs gouvernements des États membres de l’UE n’ont toujours pas pris de décisions concernant ces entreprises. C’est pour cela que Bruxelles a décidé d’emboîter le pas et d’éventuellement prendre cette disposition radicale.

Pour l’heure, seul un tiers des pays européens ont interdit à Huawei d’avoir accès à des zones critiques de leur infrastructure 5G, et ce malgré les recommandations formulées par les institutions européennes. Pour Thierry Breton, cette proportion est trop faible. Le commissaire européen au marché intérieur a déclaré aux ministres des télécommunications des différents pays membres que ce manque de prises de décision « expose la sécurité collective de l’UE ».

Si initialement, les directives européennes n’étaient pas vues comme une obligation, ni comme une interdiction, elles pourraient bien le devenir. Parmi les pays en retard sur la question, l’Allemagne qui dépend fortement de Huawei. En effet, l’entreprise chinoise équiperait près de 60 % du réseau 5G allemand, contrairement au réseau français qui plafonne à 17 %.

Quatre ans après les États-Unis, l’Union européenne semble suivre le même mouvement

Même si la Commission européenne envisage bien d’interdire à Huawei d’exercer en Europe et de gérer les infrastructures 5G des pays membres, il est peu probable que cette interdiction soit actée en 2023. L’institution européenne doit d’abord compter sur le soutien d’une majorité d’États membres ainsi que sur celui du Parlement européen.

De son côté, Huawei a déclaré qu’il opposait fermement à la politisation du secteur de la cybersécurité. « Évaluer les risques de cybersécurité sans respecter les normes technologiques, ou exclure des fournisseurs spécifiques du système sans évaluation technologique appropriée, est une violation des principes d’équité et de non-discrimination, ainsi que des lois et règlements de l’Union européenne et de ses États membres », précise un des porte-parole de l’entreprise chinoise.

Le géant des télécom va même plus loin en affirmant « qu’aucun tribunal n’a jamais constaté que Huawei s’était livré à un vol malveillant de propriété intellectuelle, ni exigé que Huawei paie des dommages-intérêts pour violation de la propriété intellectuelle d’autrui ». La société fait notamment référence à la politique menée par les États-Unis visant à la sanctionner.

En 2019, l’Administration Trump considérait Huawei comme une société « représentant un risque pour la sécurité nationale ». De ce fait, l’ancien président américain, Donald Trump, avait signé un décret interdisant aux entreprises américaines de collaborer avec l’entreprise chinoise. Avec l’arrivée de Joe Biden à la présidence des États-Unis, la première puissance mondiale avait continué à sanctionner Huawei, considérant toujours que la firme pouvait porter préjudice à sa sécurité intérieure.