Depuis son placement en liquidation judiciaire au mois de mai, Frichti, une entreprise française spécialisée dans la livraison de courses et de repas à domicile, est à la recherche d’un repreneur. Parmi les candidats, La Belle Vie, un de ses concurrents, serait le favori pour une acquisition. Le rachat pourrait avoir lieu sur un marché en perte de vitesse depuis la fin de la pandémie et le retour à la normale des habitudes de consommation.

La Belle Vie aurait fait une offre sérieuse

En France, le secteur des dark stores, ces locaux utilisés pour le stockage de produits dans le cadre de livraison de nourriture et de repas à domicile, se rapproche de la consolidation. Cette période est marquée par le départ de géants comme Getir et Flink du marché français et de nombreux rachats de sociétés. La prochaine sur la liste serait Frichti.

Selon les informations obtenues par Les Échos, quatre offres de reprise auraient été offertes à la start-up française de la foodtech. Refectory, Flink, le fonds d’investissement Arts et Bien et La Belle Vie chercheraient à racheter ses activités. Interviewée par le quotidien économique, Olivia Coville, directrice générale de Frichti, déclarait que la proposition de La Belle Vie était « la plus sérieuse ». La société basée à Paris propose déjà depuis plusieurs semaines une offre de plats Frichti, un moyen de montrer son intérêt pour acquérir son concurrent.

En s’offrant un de ses concurrents, La Belle Vie profiterait de son volume de commandes, de sa base de clients, de son implantation géographique et de sa branche de restauration en entreprise. En 2022, l’offre B2B de Frichti représentait 37 % de son chiffre d’affaires et devrait atteindre 50 % en 2023 selon sa directrice générale. Laurent Bougron, directeur conseil pour le cabinet Square Management, explique à Siècle Digital qu’il s’agirait d’une opération intéressante « en termes d’image et même de modèle économique ». Il souligne l’importance de « l’ouverture sur de nouveaux marchés géographiques » à Paris, Lyon, Bordeaux et Lille.

L’avenir incertain des dark stores en France

En souhaitant s’étendre, La Belle Vie va devoir faire face aux aléas d’un marché sur le déclin. Un contexte législatif strict – qui oblige les dark stores à se conformer aux plans locaux d’urbanisme –, des modèles économiques resserrés, l’inflation et des difficultés à lever des fonds ont poussé les grands noms du secteur à quitter la France. « Cela fait peur pour le futur et ne donne pas envie d’acheter sur ce marché », commente Laurent Bougron. Il ajoute que la clé de la réussite réside dans « la saturation des entrepôts logistiques » pour maximiser son activité et parvenir à l’équilibre économique.

Il ne croit pas en l’avenir du secteur. « Je le vois mal survivre dans la durée », analyse-t-il, « d’autant plus que nous avons atteint une forme de plafond, post-covid, de tout ce qui concerne le commerce alimentaire ». Les perspectives de croissances limitées risquent de réduire les performances de La Belle Vie, même si le rachat de Frichti devait aboutir.