C’est le grand jour pour Amazon. En novembre dernier, l’entreprise déployait Amazon Clinic, son service d’e-santé, dans trente-deux États américains. Depuis le 1er août, il est disponible dans tout le pays. Un grand pas pour le géant de l’e-commerce, qui prend de l’avance dans le secteur tant convoité de la santé connectée.

Un centre de santé virtuel

Depuis mardi, tous les Américains peuvent prendre rendez-vous via le centre de santé virtuel d’Amazon pour le suivi de problèmes mineurs, comme de l’acné, des allergies ou encore de l’eczéma.

Le processus se déroule en quatre temps : d’abord, le patient sélectionne sa pathologie. Il accède ensuite à une liste de professionnels de télé-santé agréés. À cette étape, il peut comparer les temps de réponses et les prix, comme sur une marketplace. Une fois le fournisseur sélectionné, il remplit un court questionnaire d’admission. La télé-consultation se fait alors via un portail de messagerie sécurisée, durant laquelle l’individu se voit prescrire un traitement personnalisé et, si besoin, une ordonnance. Les médicaments peuvent être livrés directement chez lui grâce à Amazon Pharmacy.

Les consultations vidéo sont accessibles sur tout le territoire américain. Les patients devront débourser 75 dollars en moyenne. Des rendez-vous via le chat sont aussi proposés dans trente-quatre États pour 35 dollars. Pour le moment, les consultations médicales ne peuvent pas être prises en charge par une assurance. Amazon spécifie toutefois que les médicaments prescrits par les médecins peuvent être partiellement remboursés.

L’e-santé, une priorité pour Amazon

Amazon Clinic s’inscrit dans le cadre d’une stratégie à long terme, pour laquelle l’entreprise de Seattle investit depuis des années. En 2018, elle s’offrait le service de pharmacie en ligne PillPack, qui donnera plus tard naissance à Amazon Pharmacy. L’année suivante, elle lançait Amazon Care, une plateforme de télémédecine mettant en relation un salarié et un professionnel de santé, par vidéo ou par chat. L’offre, jugée pas assez « complète » par le spécialiste de l’e-commerce, a pris fin en 2022. Le géant a connu un autre échec dans ce domaine avec Haven, une coentreprise fondée avec JP Morgan et Berkshire Hathaway.

Amazon ne s’avoue pas vaincue pour autant. Il y a quelques mois, elle a fait l’acquisition de la start-up One Medical pour 3,9 milliards de dollars. Elle propose un abonnement à 199 dollars pour accéder à des services de télé-santé à la demande par vidéo 24h/24 et 7j/7, et à des soins en personne dans plus de 125 cabinets médicaux à travers les États-Unis. Ce rachat stratégique a, sans aucun doute, aidé la multinationale à structurer son offre de santé connectée actuelle.

Si Amazon avance ses pions, elle est loin d’être la seule à vouloir conquérir le marché. Plateforme, produit, partenariat avec des spécialistes de la santé… Depuis plusieurs années, les GAFAM mettent les bouchées doubles pour se faire une place dans ce domaine. De son côté, Google Cloud a lancé une suite pour l’imagerie médicale renforcée par l’IA. Microsoft accélère aussi ses investissements avec le rachat de Nuance, le spécialiste de la reconnaissance vocale. Sa suite d’applications Dragon Medical One, qui permet de retranscrire des propos d’un professionnel de santé en consultation grâce à l’IA, est aujourd’hui utilisée par 77 % des établissements hospitaliers dans le monde. Les stratégies pour devenir le leader de ce secteur très lucratif s’affinent donc doucement, mais sûrement.