L’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft semble plus proche que jamais. Après avoir gagné la bataille contre la Federal Trade Commission (FTC), il semblerait que les deux entreprises aient également réussi à convaincre l’autorité antitrust britannique, la CMA. En cause notamment, un contrat avec Sony lui garantissant l’accès à la franchise Call of Duty sur dix ans.
La FTC perd la bataille
Estimant que l’acquisition représentait une menace pour la concurrence dans le secteur du cloud gaming, la FTC, agence antitrust américaine, a tenté de la bloquer à plusieurs reprises. En juin, elle demandait une injonction préliminaire pour que l’opération ne soit pas menée à bien avant août, mais a vu cette requête rejetée par une juge.
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La FTC n’a pas souhaité abandonner pour autant et a fait appel de cette décision. Cette procédure a également été refusée, permettant à Microsoft de compléter son rachat, du moins aux États-Unis. Désormais, la Competition and Markets Authority est le seul régulateur qui se dresse encore sur le chemin des deux entreprises.
Sony a enfin accepté un deal
La CMA semble néanmoins adoucir le ton. Lors d’une audience qui s’est tenue ce lundi, le tribunal d’appel de la concurrence britannique a suspendu « sous condition » une procédure concernant le rejet de l’autorité de bloquer le rachat. Cette nouvelle fait suite à une décision prise la semaine dernière par la CMA et Activison Blizzard d’entamer de nouveaux pourparlers sur des mesures correctives pour valider le rachat.
L’apaisement des tensions résulte notamment de l’accord passé entre Microsoft et Sony. Depuis l’annonce de l’acquisition, le géant nippon s’est montré très véhément à l’égard de sa grande concurrente. Il s’inquiétait surtout de voir Microsoft rendre les titres du studio exclusifs à son écosystème, et a même appelé à une vente forcée de la franchise Call of Duty.
Car c’est bien le jeu de guerre qui a été le sujet de la discorde entre les deux parties. Comptant des dizaines de millions de joueurs, il représente une poule aux œufs d’or pour la division PlayStation de Sony, qui domine le marché des consoles de jeux. Cela fait désormais plusieurs mois que Microsoft propose un contrat à sa rivale pour lui garantir l’accès à la franchise, et répondre en même temps aux préoccupations des régulateurs antitrust, mais son offre restait jusqu’alors sans réponse. Le vent a finalement tourné.
Comme Nintendo, Sony pourra proposer Call of Duty sur ses propres plateformes pendant encore 10 ans.
From Day One of this acquisition, we’ve been committed to addressing the concerns of regulators, platform and game developers, and consumers. Even after we cross the finish line for this deal’s approval, we will remain focused on ensuring that Call of Duty remains available on… https://t.co/hMWjC58wRi
— Brad Smith (@BradSmi) July 16, 2023
Dernière étape : l’autorité antitrust britannique
Seul hic, Microsoft et Activision Blizzard ont jusqu’à aujourd’hui 18 juillet pour compléter l’opération d’un montant de 68,7 milliards de dollars, soit le rachat le plus important de l’histoire du jeu vidéo.
Très vraisemblablement, cette deadline ne sera pas respectée. Si celle-ci ne met pas fin à l’opération, elle permet à chacune des parties de se retirer si elle le souhaite. Dans ce cas, Microsoft serait contrainte de verser 3 milliards de dollars à l’éditeur de jeux vidéo. Parmi plusieurs alternatives leur permettant de continuer les négociations sans abandonner le deal, les deux sociétés auraient choisi de prolonger leur contrat d’acquisition, ce qui pourrait comprendre de nouveaux avantages financiers pour Activision.
Pour sa part, la CMA, qui a passé un décret interdisant l’acquisition avant que son aval ne soit donné, pourrait le modifier afin de permettre la complétion du rachat en dehors du Royaume-Uni. Les entreprises encourent une lourde amende en cas de non respect du décret. L’objectif pour Microsoft et Activision est désormais de restructurer l’opération, de manière à ce que la CMA puisse examiner les mesures correctives visant à atténuer ses préoccupations en matière d’abus de position dominante.
Il s’agit du dernier obstacle réglementaire pour les firmes. S’il peut paraître complexe, l’acquisition semble toutefois en bonne voie, la CMA ayant fait un pas en avant en acceptant de nouveaux pourparlers. L’autorité britannique a reporté au 29 août la date butoir de son enquête. Il est possible qu’un dénouement soit atteint avant.