La Competition and Markets Authority (CMA), l’antitrust Britannique, a infligé un coup très dur au projet d’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft. Ce mercredi 26 avril, il a tout simplement rejeté l’opération dans sa décision finale. Si cette position n’est valable que pour le Royaume-Uni, elle risque d’avoir une portée mondiale.

Activision Blizzard et Microsoft sont en rogne

Microsoft espérait faire aboutir une opération au cours de l’année. Cet objectif semble désormais hors de portée. La CMA a décidé d’empêcher l’opération. L’autorité estime qu’elle n’aurait pas d’impact significatif sur la concurrence pour le marché des consoles. Cependant, elle juge que l’opération est un risque pour le secteur du jeu sur le cloud aussi appelé cloud gaming.

Dans sa décision l’autorité explique que le géant de la tech « n’a pas répondu efficacement aux préoccupations » émises par l’autorité en février. Dans ce même texte, elle pointe du doigt que « Microsoft représente déjà environ 60 à 70 % des services mondiaux de jeux sur le cloud ». Une position auxquels s’ajoutent les atouts de l’entreprise dans le jeu vidéo avec la Xbox, son système d’exploitation Windows et sa branche cloud, Azure.

Pour tenter de répondre aux préoccupations du régulateur, Microsoft a signé plusieurs accords de 10 ans avec certains de ses concurrents, Nintendo ou GeForce Now de Nvidia. Il vise à assurer la disponibilité de titres majeurs d’Activision Blizzard comme Call of Duty, Overwatch ou World of Warcraft. Pour la CMA, ces accords devant être supervisés sont insuffisants. Par ailleurs, l’autre géant du secteur vidéoludique, Sony, a, de façon constante, critiqué cette fusion.

Pour Martin Coleman, président du groupe d’experts indépendant, chargé de l’examen approfondi de la CMA lancée en septembre 2022, « Microsoft s’est engagé de manière constructive avec nous pour essayer de résoudre ces problèmes et nous en sommes reconnaissants, mais leurs propositions n’ont pas été efficaces ».

Activision Blizzard et Microsoft ont vivement réagi à la décision britannique. Elles ont dénoncé un pays « clairement fermé aux affaires ». Pour Brad Smith, président de Microsoft, « cette décision semble refléter une mauvaise compréhension de ce marché et de la façon dont la technologie cloud fonctionne réellement ».

Dans un mail destiné aux employés d’Activision et révélé par le Financial Times, Bobby Kotick, PDG de l’entreprise, a affirmé ne pas dire son dernier mot. Brad Smith a également manifesté sa volonté de faire appel.

La CMA risque d’emporter ses homologues américaines et européennes

La position de la CMA est un clou dans le cercueil d’un accord traînant depuis janvier 2022. Des procédures sont toujours en cours aux États-Unis et au sein de l’Union européenne, mais la suite pourrait être beaucoup plus complexe si le Royaume-Uni traite l’affaire différemment.

Le Wall Street Journal note que la CMA a pris beaucoup d’ampleur depuis le Brexit. Désormais autonome, l’autorité a acquis la réputation d’être plus autoritaire. Elle avait notamment annulé le rachat de Giphy par Facebook en 2021. L’autorité de la concurrence européenne doit se prononcer au plus tard le 22 mai.