Icône de la fast fashion, le géant chinois Shein a annoncé ce 22 juin vouloir renforcer sa présence en Europe et au Mexique. La construction d’entrepôts et d’usines dans ces régions permettrait à l’entreprise de réduire les temps de livraisons et améliorer son image auprès des consommateurs.

Shein devrait construire une usine en Pologne et au Mexique

Créé en 2008, Shein vend dans plus de 150 pays pour un chiffre d’affaires de plus de 21 milliards d’euros en 2022. Avec une valorisation de 66 milliards de dollars, il s’agit de l’une des plus grandes entreprises de mode du monde. Problème, son image de marque est liée à de nombreuses polémiques : accusation de vol de design et contribution à la surconsommation en pleine crise climatique. L’entreprise est aussi associée à l’exploitation des Ouïghours, peuple à majorité musulmane habitant la région du Xinjiang en Chine.

Dans une interview à Bloomberg et au Wall Street Journal, Léonard Lin, responsable mondial des affaires publiques de Shein, répond à ces reproches. Il a déclaré prendre au sérieux la violation du droit d’auteur et révèle que l’entreprise utilise des vérifications automatisées et manuelles pour examiner les produits des fournisseurs et des vendeurs tiers avant de les proposer à la vente. L’entreprise a également lancé un programme financier de mise en valeur du travail des designers indépendants. Le responsable a aussi annoncé des investissements de plusieurs dizaines de millions d’euros pour moderniser les usines et améliorer les conditions de travail des ouvriers. Concernant les Ouïghours, Shein ne travaillerait pas avec des fournisseurs qui s’approvisionnent en coton du Xinjiang. « Shein n’autorise aucun approvisionnement dans cette région », a-t-il affirmé.

Outre ces réponses sur les valeurs de l’entreprise, cette interview lui a permis de dévoiler la feuille de route de Shein. Actuellement, le géant de la fast fashion se fournit principalement auprès de grossistes et de vendeurs tiers en Chine. Cet approvisionnement rend les délais de livraison très longs pour les consommateurs occidentaux. À l’avenir, cela devrait changer. La société, basée à Singapour depuis deux ans, prévoit d’ouvrir de nouvelles usines et entrepôts en Europe, au Mexique, en Turquie et en Inde.

Sur le sol européen, une usine en Pologne devrait sortir de terre d’ici quelques mois. Côté américain, Shein prévoit également de construire une usine au Mexique pour en faire l’un de ses plus centres de production. Elle alimentera les centres de distributions présents dans l’ouest des États-Unis et en Californie. L’entreprise mise aussi sur le sud du continent « Au Brésil, les producteurs et commerçants locaux devraient réaliser 85 % des ventes d’ici 2026 » affirme Léonard Lin.

Shein envisage aussi de déplacer sa production vers l’Inde. Le Premier Ministre indien Narendra Modī a présenté à de nombreuses reprises, lors des derniers mois, le Sous-Continent comme un centre de fabrication alternatif à la Chine. Le géant de la mode est en négociation avec Reliance Industries pour réintégrer le marché indien, trois ans après son bannissement suite à des accrochages. Au-delà de ces investissements, Shein souhaite aider les fournisseurs et vendeurs tiers locaux. D’ici trois ans, Shein se fixe comme objectif d’avoir 100 000 vendeurs avec 100 000 dollars de ventes annuels et 10 000 autres avec 1 million de dollars.