Le géant chinois de la fast-fashion Shein a annoncé jeudi 20 avril dans un communiqué son plan d’implantation sur le continent américain et notamment au Brésil. Avec 148 millions de dollars d’investissement, elle pourrait suivre le parcours de ses consœurs Alibaba et Wish et être confrontée à des enjeux liés aux vendeurs locaux.

Le rêve Américain pour Shein

Fondée à Nanjing en 2008, Shein est devenu l’un des plus grands marchés de mode en ligne depuis son lancement. En tant qu’acteur majeur de la fast-fashion avec des prix incroyablement bas, l’entreprise était évaluée à plus de 100 milliards de dollars l’année dernière. Suite au succès rencontré par la plateforme sur le marché brésilien, Marcelo Claure, son président dédié à l’Amérique Latine, a décidé d’investir 148 millions de dollars dans 2 000 fabricants locaux. Cela devrait entraîner la création de 100 000 emplois au cours des trois prochaines années.

Après avoir officiellement annoncé ses projets à la presse, il en a profité pour remercier le ministre brésilien des Finances pour le partage de leur vision.

À travers cet investissement, Shein prévoit essentiellement d’expédier des matières premières au Brésil et de localiser sa fabrication dans le pays tout en maintenant des prix compétitifs. L’entreprise, dont les ventes proviennent à 70 % de la Chine à l’heure actuelle, estime que 85 % seront faites au Brésil d’ici la fin 2026.

Marcelo Claure a déclaré à Reuters : « Toutes les économies de transport et de logistique seront compensées par ce que je pense être un coût de fabrication un peu plus élevé, donc le résultat final devrait être exactement le même ou inférieur »

En investissant une telle somme dans la technologie et la formation nécessaire aux vendeurs locaux, il leur permet de mieux gérer les commandes de l’entreprise, de réduire les déchets et les stocks excédentaires.

Des enjeux de tailles

La société qui a bel espoir de pérenniser son activité au Brésil et de l’étendre à tout le continent pourrait toutefois être confrontée à quelques défis.

En effet, Shein n’est pas la première plateforme en ligne chinoise à vouloir s’implanter sur le territoire américain en attirant des vendeurs locaux. Alibaba et Wish, également adeptes des prix bas, en ont fait les frais précédemment : les vendeurs américains étaient réticents à s’associer avec elles et certains ont été mal accompagnés. De plus, des clients se sont plaints d’articles jamais arrivés et de problèmes de contrôle de la qualité.

Par ailleurs, Shein était récemment au cœur d’une polémique avec Temu, une nouvelle application chinoise d’e-commerce appartenant à Pinduoduo. Selon un rapport de ​​la United States-China Economic and Security Review Commission, les deux plateformes seraient particulièrement ciblées par le gouvernement américain. Il remonte des inquiétudes concernant des risques liés aux données et autres pratiques commerciales.

Au niveau sociétal et environnemental, Shein a été pointée du doigt. L’année dernière, Greenpeace Allemagne alertait sur la présence de produits chimiques potentiellement dangereux dans ses produits. Elle a fait également la une dans un documentaire sur les conditions de travail douteuses de ses sous-traitants.

Si la plateforme dédiée à la fast-fashion continue d’animer les débats, elle reste toutefois l’un des plus grands marchés de mode en ligne au monde avec l’ambition de conquérir l’Amérique.