Pris en étau entre leurs envies d’expansion et la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, les entrepreneurs chinois sont de plus en plus nombreux à s’expatrier. Objectif : pouvoir étendre leurs activités outre-Atlantique pour bénéficier des avantages offerts par la première puissance économique mondiale.

La guerre commerciale s’intensifie

Les tensions entre les deux pays escaladent depuis plusieurs années, mais elles ont pris un autre tournant suite aux sanctions imposées par l’administration Trump à Huawei. Cette guerre commerciale affecte d’ores et déjà plusieurs industries. Tandis que TikTok risque l’interdiction aux États-Unis, la société Micron vient d’être sévèrement sanctionnée par Pékin.

Par ailleurs, l’administration Biden multiplie les mesures pour empêcher l’accès de la Chine à des technologies de pointe. La situation est telle que certains entrepreneurs chinois ont fait le choix d’implanter leurs sièges sociaux en dehors de leur pays natal. Ils veulent maintenant aller plus loin en acquérant un titre de séjour ou la citoyenneté ailleurs. Hong Kong, le Canada, le Japon, les États-Unis et Singapour font partie des lieux les plus recherchés, selon Reuters, qui s’est entretenue avec sept entrepreneurs concernés.

Ils dénoncent, entre autres, le climat hostile aux États-Unis pour les entités venues de l’Empire du Milieu. « Le discours politique à Washington DC et dans de nombreuses capitales repose sur l’idée fausse que toutes les entreprises chinoises sont liées au gouvernement chinois et au parti communiste et qu’elles suivent leurs directives », explique James McGregor, président pour la Grande Chine de la société américaine de conseil en communication APCO Worldwide.

En Chine, le marché est moins attrayant qu’avant la pandémie

Les entreprises chinoises doivent en plus faire face à une régulation étouffante dans leur pays. La répression réglementaire exercée par Pékin depuis fin 2020, couplée aux restrictions liées au Covid-19, ont rendu le marché national peu attractif pour certains professionnels. L’un des entrepreneurs interrogés par l’agence de presse assure avoir eu des envies d’ailleurs lorsque le président Xi Jinping a remporté un troisième mandat en 2022.

Si les entreprises veulent se montrer ambitieuses en Chine, elles doivent obligatoirement cultiver leurs liens avec le Parti communiste. Cela les empêche intrinsèquement d’espérer une quelconque expansion aux États-Unis, à moins de masquer leur identité chinoise. Dans ce contexte, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir quitter l’Empire du Milieu. Chris Pereira, dirigeant de la société de conseil en affaires North American Ecosystem Institute, indique avoir reçu plus d’une centaine de demandes de renseignements de la part d’entreprises issues de Chine continentale sur la manière de s’implanter efficacement à l’étranger et de s’intégrer dans une communauté.

Ce phénomène touche aussi les firmes de renom. Le géant de l’e-commerce Shein a déménagé son siège social à Singapour en 2022, en vue d’étendre ses activités internationales. Il y a quelques semaines, PDD Holdings, maison mère de Temu et de Pinduoduo, annonçait le déplacement de son siège social depuis la Chine vers l’Irlande.

Dans un communiqué, le ministère chinois des Affaires étrangères dénonce les agissements de certains pays occidentaux, qui « politisent la technologie, en dressant des obstacles à la coopération technologique et commerciale régulière, ce qui ne profite à aucune des deux parties et nuit au progrès technologique et à la croissance économique au niveau mondial ».