Avec l’Inflation Reduction Act (IRA) et le Chips and Science Act, l’administration Biden espérait attirer des industries critiques et d’avenir et être moins dépendants à la Chine. La mission semble réussie avec 204 milliards de dollars d’investissements annoncés entre août 2022 et la mi-avril, deux fois plus qu’en 2021.
L’ambition de l’administration Biden
Le Congrès américain a été particulièrement actif l’été dernier. Le monde sortant d’une grave pénurie de semi-conducteurs, liée à des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, les élus américains ont adopté le Chips and Science Act. Il réunit un fonds de 39 milliards de dollars et des crédits d’impôt à hauteur de 24 milliards de dollars, pour attirer des entreprises de semi-conducteurs sur le territoire de l’Oncle Sam. Plus massif encore, l’Inflation Reduction Act, comme son nom ne l’indique pas, vise, avec 369 milliards de dollars d’incitations fiscales à décarboner l’économie américaine en favorisant l’installation de sociétés du secteur.
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Le Financial Times a compilé des données à sa disposition pour estimer la réussite, ou non, de ses deux programmes dans les domaines qu’ils couvrent. Alors que les contours pour en bénéficier sont encore en cours de publications, le succès serait déjà au rendez-vous avec les 204 milliards de projets d’investissements annoncés entre août 2022 et avril 2023.
Ce nombre représente le double, en moins d’un an, de celui de 2021, lorsque les textes étaient alors des ébauches. Il est aussi 20 fois plus élevé qu’en 2019. Le quotidien britannique a recensé 4 projets d’investissements dans les secteurs dépassant le milliard de dollars en 2019. Ils sont 31 depuis août 2022. 75 dépassent la centaine de millions de dollars, dans les semi-conducteurs, les voitures électriques, les batteries, composants pour produire de l’énergie renouvelable.
Les investissements aux États-Unis, une menace pour l’Union européenne ?
Plusieurs entreprises ont très ouvertement déclaré que leurs projets étaient liés à l’effort américain, l’un des plus importants de l’histoire récente. C’est le cas de Micron, Intel ou TSMC avec le Chips Act. En attirant avec l’IRA des entreprises de batteries, voitures électriques ou d’énergie renouvelable, les États-Unis s’attaquent également à des secteurs où la Chine dispose d’une longueur d’avance. Environ un tiers des investissements viennent de l’étranger, principalement d’Asie.
Si ces deux vastes programmes de financement ravissent les entreprises, il en va très différemment de l’Union européenne. Que ce soit au niveau de la Commission ou des États membres et notamment de la France, l’IRA est critiqué. Il fait craindre une fuite des entreprises du Vieux Continent vers les États-Unis. En réponse à Washington, un projet de réglementation, sous la forme d’un Pacte vert, est en préparation. De même, sur le volet des semi-conducteurs, un Chips Act européen doit prochainement aboutir.