Intel est en colère aux États-Unis et le fait savoir. D’après les informations du Wall Street Journal du 22 juin, confirmées le lendemain, l’entreprise américaine a décidé de suspendre la cérémonie d’inauguration du futur chantier d’une usine de semi-conducteur dans l’Ohio en juillet. Le lancement des travaux prévu en automne 2022 n’est, lui, pas menacé.

Le Congrès est trop lent au goût d’Intel

Le travail législatif traîne au goût d’Intel. Alors que la Chambre des représentants et le Sénat ont voté le Chips Act l’année passée, un financement de 52 milliards de dollars pour favoriser, entre autres, l’implantation de fabriques de semi-conducteurs, sur le territoire américain, la loi n’est toujours pas promulguée.

Les chambres basses et hautes du Congrès américain peine à s’entendre sur une version commune des deux moutures du texte qu’ils ont adopté. Intel craint que la loi ne passe pas avant les élections de mi-mandat, en novembre 2022.

Intel a informé le gouverneur de l’Ohio sa décision de repousser la cérémonie d’inauguration programmée le 22 juillet sur le site de la future usine, aux abords de la ville de Columbus. Pat Gelsinger, le PDG d’Intel s’est rendu à Washington le jour de l’annonce.

Un porte-parole de l’entreprise a déclaré « Il est temps que le Congrès agisse pour que nous puissions avancer à la vitesse et à l'échelle que nous avons longtemps envisagées pour l’Ohio ».

Ce projet est activement soutenu par l’administration Biden en réponse aux difficultés de la chaîne d’approvisionnement d’une industrie dont la production est très concentrée en Asie. Le président avait directement cité le projet de Columbus lors de son discours sur l’état de l’Union en mars 2022. Il avait également rencontré à cette occasion de PDG de l’entreprise.

L’Europe peut-elle bénéficier de ce coup de gueule ?

Pour le moment, cette action d’Intel est avant tout symbolique. L’investissement initial de 20 milliards de dollars pour la fabrique est maintenu, tout comme le programme du chantier. Il doit débuter à l’automne pour lancer la production en 2025. L’entreprise laisse cependant penser que ce retard pourrait avoir des conséquences sur l’investissement global prévu sur le site de 100 milliards de dollars.

Selon une source du Wall Street Journal, des représentants d’Intel ont laissé entendre que l’entreprise pourrait privilégier ses efforts vers les pays où les discussions sur des lois similaires iraient plus vite. L’Union européenne est justement en train d’adopter son propre règlement, l’European Chips Act, financé à hauteur de 43 milliards d’euros pour doubler sa capacité de production de semi-conducteur d’ici 2030.

Intel a plusieurs projets en Europe, dont un site de fabrication de semi-conducteurs évalué à 17 milliards d’euros en Allemagne. Aux États-Unis l’entreprise construit également de nouvelles usines en Arizona et modernise ses installations au Nouveau-Mexique.