Dans le cadre du pacte vert, visant à faire atteindre la neutralité carbone à l’ensemble des pays de l’Union européenne d’ici à 2050, le Conseil européen a entériné, le 28 mars, l’interdiction des moteurs thermiques dans les voitures à partir de 2035. Cette dernière met fin au blocage de l’Allemagne, désireuse de faire autoriser l’utilisation des carburants de synthèse. Suite à un accord, des aménagements devraient être pris dans le futur pour encadrer les véhicules ayant recours à ces essences synthétiques.

Les voitures thermiques vivront, sous certaines conditions

La Commission européenne et l’Allemagne sont parvenues, le 25 mars, à s’entendre sur le futur des voitures thermiques. « Nous avons trouvé un accord avec l’Allemagne sur l’utilisation future des e-carburants », a déclaré Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne. Ces essences synthétiques, comme le bioéthanol, sont fabriquées à partir de l’électricité provenant de sources d’énergie non fossiles. En rejetant du dioxyde de carbone neutre en carbone, avec une empreinte égale à 0, elles sont envisagées comme un remplacement aux formes de carburants actuelles. « Nous allons maintenant travailler pour que le règlement sur les normes de CO2 pour les voitures soit adopté dès que possible », a conclu Frans Timmermans. De son côté, la présidence suédoise du Conseil de l’UE a déclaré que l’Allemagne a reçu « un large soutien » de la part des vingt-sept pays membres.

Si un tel arrangement a été convenu, c’est avant tout car l’Allemagne, berceau de nombreux constructeurs automobiles, cherche à défendre sa souveraineté. Ralliée par l’Italie, inquiète pour les ventes de ses Ferrari, par l’Autriche, la Pologne et la République tchèque, elle prévoyait de bloquer les mesures européennes tant qu’elle n’obtenait pas gain de cause.

Des différends au sein de la coalition allemande

Le texte actant la fin de la production après 2035 de voitures équipées de moteurs thermiques devait être entériné le 7 mars dernier, dans la continuité du vote du Parlement européen le 14 février. Malgré des différends entre les membres de la coalition allemande, à savoir les Verts, le SPD et le FDP, l’Allemagne l’avait également validé.

Cependant, début mars, Volker Wissing, le ministre des transports allemand, membre du FDP, déclare rejoindre les contestataires, évoquant des engagements de la Commission européenne n’offrant pas suffisamment de garanties. Après plusieurs semaines de négociations, un terrain d’entente a finalement pu être trouvé. « La voie est libre pour les véhicules équipés d’un moteur à combustion », a souligné le ministre.

Ces derniers pourront être réimmatriculés après 2035 s’ils utilisent des carburants neutres en termes d’émissions de carbone. Il félicite la décision en assurant que « nous garantissons des opportunités pour l’Europe en préservant des options importantes pour une mobilité climatiquement neutre abordable ».

Néanmoins, Pascal Canfin, président de la commission environnement du Parlement européen, précise que « le texte est inchangé. La règle des 100 % de voitures zéro émission en 2035 est donc maintenue ». L’Union européenne gardera un œil sur la « neutralité climat » des véhicules ayant l’autorisation d’avoir un moteur thermique.

L’e-carburant, une fausse solution ?

Si l’Allemagne présente les e-carburants comme une alternative proche des voitures électriques, ces derniers s’avèrent plus polluants. L’organisation non gouvernementale (ONG) Transport & Environment rapporte qu’ils « constituent une solution beaucoup moins écologique que les voitures électriques à batterie » car ils émettent encore du dioxyde d’azote et des particules cancérigènes. Selon eux, d’ici 2030, une voiture électrique rejettera 53 % de CO2 en moins lors de son cycle de vie qu’un véhicule fonctionnant avec un carburant de synthèse. Elle explique aussi qu’en 2035, la production d’e-carburants n’en sera qu’à ses commencements, « seules cinq millions de voitures, sur les 287 millions que devrait compter le parc automobile de l’UE, pourraient fonctionner avec ».

De plus, le coût de ces derniers est très élevé. Relayé par Le Monde, Ferdinand Dudenhöffer, expert du Center Automotive Research en Allemagne affirme qu’ils ne pourront être utilisés principalement que pour les voitures de luxe « comme des Porsche 911 ou des Ferrari ». Selon lui, la décision de la Commission européenne de laisser la porte ouverte à ces essences synthétiques est « mauvaise pour l’industrie automobile européenne, car les Chinois et les Américains vont creuser l’écart dans le véhicule électrique ». Ceux-ci ont toutefois leur place dans certains secteurs qui ne possèdent pas d’alternatives, comme celui de l’aviation.

Désormais, les constructeurs automobiles européens doivent réduire de 55 % les émissions de CO2 de leurs voitures d’ici 2030 à 2034. L’objectif est d’atteindre les 100 % de réduction pour 2035.