Lors d’une conférence de presse ce mardi 14 mars, Volkswagen a annoncé un plan de 180 milliards d’euros d’investissements jusqu’en 2027. Le constructeur allemand a précisé que plus des deux tiers du budget seront alloués à l’électrification des véhicules. Appâté par l’Inflation Reduction Act, un vaste programme américain de subvention, il étendra sa présence en Amérique du Nord.

La Chine et les États-Unis dans le viseur de Volkswagen

Fondé en 1937, deuxième plus grand constructeur du monde, il est temps pour Volkswagen d’entamer pour de bon une nouvelle étape de son histoire : stopper la production de voitures thermiques en 2035, en accord avec une future réglementation européenne. Olivier Blume, PDG depuis septembre dernier, a présenté son plan pour électrifier le parc automobile de la marque, « Pour moi, il est important que nous ayons une orientation claire vers où nous nous dirigeons (…) 2023 sera une année décisive ».

En bonne santé financière, Volkswagen a les moyens de son ambition. Le groupe a empoché 43 milliards d’euros en septembre 2022 lors de l’introduction en Bourse de Porsche. Il a, récemment, annoncé des résultats solides pour son année 2022 dans un contexte économique morose. Il a enregistré un bénéfice net de 15,8 milliards d’euros, soit une hausse de 2,8 % par rapport à 2021.

Une grande partie du budget investi servira notamment à la construction d’usines de batteries, dirigée par la filiale PowerCo, et à la sécurisation des matières premières nécessaires à la fabrication des batteries. « PowerCo est sur la bonne voie pour devenir un acteur mondial des batteries. D’ici 2030, l’entreprise devrait générer un chiffre d’affaires annuel de plus de 20 milliards d’euros. » a déclaré le groupe.

Afin de parvenir à son objectif, Volkswagen a annoncé lundi 13 mars la construction d’une nouvelle usine de batterie au Canada. Elle vient s’ajouter à l’installation d’une future usine en Caroline du Sud aux États-Unis pour assembler des utilitaires et des SUV électriques. Le constructeur peut ainsi profiter de l’Inflation Reduction Act (IRA) de l’administration Biden, valable dans les pays membres de la zone de libre-échange nord américaine ACEUM.

Ce texte ratifié l’été dernier vise à inciter les Américains à acheter des voitures sans émissions de carbone construites aux États-Unis, au Canada ou au Mexique. Ces investissements mettent la pression sur Bruxelles pour l’adoption d’un plan d’aides similaires. L’exemple de Volkswagen, une grande entreprise européenne s’exilant Outre-Atlantique pour bénéficier de l’IRA, est typiquement ce que redoutaient les dirigeants européens.

Pour la forme, Olivier Blume a promis de continuer « à produire en Europe dans le futur ». Deux chantiers d’usine de batteries Volkswagen sont en cours en Suède et en Allemagne.

L’effort d’électrification de Volkswagen dépendra encore des performances de ventes de voitures thermiques durant les prochaines années. Les revenus et donc les investissements de l’entreprise en dépendent encore largement : 500 000 voitures électriques ont été vendues par le groupe en 2022 sur 8,2 millions au total. Olivier Blume l’a reconnu « Nous sommes très forts sur les moteurs thermiques, mais nous avons encore du retard sur les voitures électriques ».

Un retard que subit Volkswagen sur l’un de ses marchés majeurs : la Chine. Premier constructeur de l’Empire du Milieu dans le thermique, l’entreprise perd des parts de marché face aux dynamismes des spécialistes de l’électrique. La demande pour sa propre gamme de voitures électriques a explosé, le nombre de livraisons pour ce type de véhicule a augmenté de 68 % en 2022. Une performance et une tendance à même d’inciter à investir massivement dans l’électrique…