Amazon Prime Air, service de livraison par drone, ne décolle pas. Après le lancement d’une phase pilote en décembre 2022, dans les villes de Lockeford en Californie et College Station au Texas, seuls 10 foyers auraient fait appel à ce service. Cette solution, qui ne concerne que les produits jusqu’à 2,5 kilos, devait révolutionner le service de livraison. 10 ans plus tard, le bilan est mitigé.

En 2013, Jeff Bezos annonçait un projet de livraisons par drone, opérationnel « d’ici quatre ou cinq ans » : les clients abonnés au service Prime peuvent sélectionner un lieu de dépôt, tel que leur jardin, où sera déposé leur colis. Pour y parvenir, Amazon aurait dépensé près de 2 milliards de dollars et engagé près de 1 000 personnes. En 2019, Jeff Wilke, alors PDG d’Amazon, dévoilait le MK27-2, drone électrique, doté de six hélices et fonctionnant de manière autonome. Trois ans plus tard, le service est lancé auprès d’un nombre limité d’utilisateurs.

Réglementer l’espace aérien

Les barrières réglementaires imposées par la Federal Aviation Administration (FAA), agence gouvernementale américaine en charge de la régulation de l’aviation civile, sont très contraignantes. La FAA veut à tout prix éviter un accident mortel, provoqué par la chute d’un drone. L’agence américaine encadre donc strictement les conditions de vol : pas de trajet de plus de 6 kilomètres, interdiction de voler durant les heures d’entrée et de sorties d’écoles. Surtout, la FAA interdit à Amazon de survoler des axes routiers, à moins qu’un employé puisse s’assurer qu’aucun véhicule ou individu n’est présent.

L’impératif sécuritaire

Les phases expérimentales ont provoqué huit crashs, l’un d’eux occasionnant un incendie détruisant plusieurs hectares. Ces craintes sont renforcées par des licenciements qui touchent plusieurs branches, y compris les équipes dédiées à la sécurité du projet. Maria Boschetti, porte-parole d’Amazon, a assuré à Business Insider que la sécurité est une priorité pour l’entreprise, et qu’« insinuer que nous n’avons plus d’équipe de sécurité robuste en place est totalement inexact. »

Des limites technologiques

Selon la FAA, les drones d’Amazon sont dotés de capacités impressionnantes, dont « un système de perception amélioré qui permet de détecter les personnes ou les obstacles sous l’UA pendant la livraison ou l’atterrissage. » Cependant, le modèle actuel ne peut pas voler en temps de pluie, et parcourt des distances relativement courtes. Au total, six personnes sont nécessaires pour chaque livraison.

Un secteur compétitif

Amazon n’abandonne pas son projet pour autant. En 2024, une version améliorée du drone sera utilisée : le MK30, plus léger, silencieux et résistant aux intempéries. Prime Air travaille aussi à l’expansion des livraisons par drone en Californie et au Texas. Pour gagner la course, l’entreprise doit affronter ses concurrents comme Walmart et Google, à qui la FAA a accordé des licences autorisant le survol des routes.