L’Administration du cyberespace de Chine (CAC), chargé de contrôler Internet, a pris une participation de 1 % dans une filiale d’Alibaba début janvier et discuterait d’un investissement similaire chez Tencent. Cet investisseur particulier, aux pouvoirs étendus, possède déjà des parts chez ByteDance, le propriétaire de TikTok, Kuaishou, un de ses concurrents, et Weibo, l’équivalent de Twitter en Chine.

Pékin impose ses administrateurs et influence les entreprises visées

1 % cela parait peu, mais cela peut représenter beaucoup. Les parts prises par le fonds du CAC, soutenues par plusieurs entreprises d’État sont des « golden share », des actions de références en français. Elle donne à leur propriétaire, souvent un État, des droits très importants sur l’entreprise.

Le Financial Times, à l’origine de l’information, note que l’ampleur du pouvoir que procurent ces titres est inconnue. Il est cependant évident qu’il donne une influence sur les décisions prises par une entreprise. Un accès aux données de la branche est probable. Le quotidien britannique a également relevé que la prise de participation dans la filiale d’Alibaba s’était accompagnée de la nomination d’un nouveau membre du Conseil d’administration de la filiale, qui porte le même nom qu’un fonctionnaire du CAC.

La branche d’Alibaba concernée par ce mouvement est celle qui contrôle Youku, un service de streaming et UCWeb, un navigateur. Depuis 2015, et l’utilisation accrue des « golden share » par Pékin, les entreprises privées les plus visées sont les plateformes d’informations ou de contenus. L’un des trois directeurs de la branche purement chinoise de ByteDance est un haut fonctionnaire du CAC, connu pour ses discours radicaux en ligne.

Tencent pourrait subir la même ingérence au sein de ses affaires, au sein d’une filiale compétente en Chine. Les discussions sont en cours selon les indiscrétions recueillies par le Financial Times.

La Chine a de nouveau besoin de ses géants du numérique

L’arrivée d’administrateurs, poussée par Pékin, n’est pas qu’une mauvaise nouvelle pour les entreprises chinoises. Leur présence peut éventuellement rassurer les investisseurs sur le risque de futures enquêtes ou sanctions. Les hommes de Xi Jinping étant directement placés, avec des responsabilités, au sein des sociétés, les volontés du pouvoir influencent déjà les décisions des groupes, tout du moins des filiales.

Après deux ans de répression, de remise au pas, de changement réglementaire, les responsables chinois assurent depuis plusieurs semaines que cette phase est terminée ou sur le point de l’être. Alors que l’économie chinoise souffre des mesures zéro Covid et maintenant du Covid-19, du contexte économique morose, de la rivalité avec les États-Unis, les géants du numérique sont redevenus des alliés.

À présent qu’ils sont rentrés dans le rang, les sociétés comme Didi Global, Ant Group et d’autres pourraient bénéficier de mesures de soutien. Bloomberg rapporte qu’un responsable de la banque centrale chinoise a révélé le 13 janvier l’existence de réflexion autour de mesures de soutien financier.