Joe Tsai, cofondateur et président d’Alibaba, assure que les entreprises chinoises subissent un important retard dans le développement de l’intelligence artificielle (IA) par rapport à leurs homologues américains. En cause, les restrictions sur l’exportation imposées par les États-Unis sur les puces d’IA.

Alibaba souffre de la situation

L’homme d’affaires s’est exprimé dans un podcast avec Nicolai Tangen, directeur général de Norges Bank Investment Management, la branche de la banque centrale norvégienne chargée de gérer le plus grand fonds souverain du monde. Il a notamment cité l’impact des restrictions américaines sur les accélérateurs d’IA, comme ceux de Nvidia, sur les entreprises chinoises.

Dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, l’administration Biden renforçait, en octobre dernier, ses mesures pour empêcher l’Empire du Milieu d’accéder à des technologies de pointe. Processeurs d’IA avancés, équipements de fabrication de semi-conducteurs, ordinateurs portables équipés de ces puces… Les firmes chinoises peinent à se fournir en matériel crucial pour leur activité.

Une démarche qui a « certainement affecté » les big tech chinoises, y compris Alibaba, explique Joe Tsai. « Nous avons en fait communiqué publiquement que cela a affecté notre activité cloud et notre capacité à offrir des services informatiques haut de gamme à nos clients », a-t-il continué.

En novembre, le géant de l’e-commerce a même annulé la scission de son groupe Cloud Intelligence, qui visait la cotation en Bourse. Il a finalement jugé que son plan « pourrait ne pas produire l’effet escompté d’amélioration de la valeur actionnariale », en raison de l’impact des restrictions américaines. « L’IA est essentielle. Il est primordial de disposer d’un bon modèle linguistique développé en interne, car cela nous aide dans nos activités liées à l’informatique dématérialisée », a rappelé Tsai.

Un problème à court et moyen terme pour le secteur de l’IA en Chine

Plus globalement, les entreprises chinoises sont en retard de « deux ans » par rapport aux sociétés américaines dans le développement de l’IA, considère-t-il. Un constat inquiétant pour le secteur de l’IA chinois, qui devient moins compétitif à une période pourtant cruciale pour cette filière. Pékin ne veut surtout pas se laisser devancer par son rival américain, et pousse ses acteurs à accélérer leurs efforts dans ce sens.

Ainsi, les lacunes du pays ne devraient toutefois pas perdurer sur le long terme. Joe Tsai en est convaincu, la Chine parviendra à concevoir ses propres accélérateurs avancés. En attendant, les entreprises s’approvisionnent auprès d’autres fournisseurs, et stockent les puces disponibles sur le marché. Baidu, équivalent de Google, s’est par exemple tourné vers Huawei pour obtenir des processeurs d’IA.