John Deere, l’équipementier agricole américain poursuit sa quête d’automatisation du secteur. Le géant de l’agriculture a lancé cette année son premier tracteur entièrement autonome. Cette nouvelle technologie incarne la stratégie de l’entreprise pour rendre l’agriculture plus rapide et efficace. John May, le PDG de la société, veut notamment capitaliser sur les logiciels dont sont équipés les tracteurs. L’industrie agricole investit actuellement des milliards de dollars dans le développement des outils qui optimisent le rendement des récoltes.

La vente de logiciels, une activité rentable pour John Deere

Pour rendre ses tracteurs autonomes plus efficaces, John Deere souhaite rendre ses logiciels plus performants. L’entreprise veut être à l’avant-garde du secteur en vendant l’accès à ses outils de collecte et d’analyse des données sous la forme d’un service. Les agriculteurs pourront équiper leurs véhicules avec ces logiciels qui les aideront à optimiser leurs récoltes, du semis des graines, en passant par le traitement des mauvaises herbes jusqu’à la moisson.

En démocratisant l’utilisation de son logiciel, celui-ci s’améliorera au fur et à mesure grâce au machine learning. En collectant des données et en les analysant, les tracteurs deviendront plus efficaces. Il devrait par exemple aider les agriculteurs à mieux maîtriser leurs consommations d’engrais et de carburant, dont les prix ont explosé ces dernières années. John Deere vend ce service sous la forme d’un abonnement au logiciel. Cette offre lui ferait gagner une marge bénéficiaire plus importante que sur la vente des véhicules, son principal secteur d’activité.

Le Wall Street Journal rapporte que dans un rapport du cabinet d’analyse Bernstein, la marge brute moyenne des logiciels a été estimée à 85 % contre 25 % pour la vente des équipements agricoles. La société prévoit que 10 % de ses revenus annuels viendront des frais d’utilisation des logiciels d’ici la fin de la décennie. « Le but c’est de faire plus avec moins », a déclaré John May, PDG de Deere. Pour y parvenir, l’entreprise se fixe pour objectif de connecter 1,5 million de véhicules d’ici 2026.

Une technologie qui ne fait pas l’unanimité chez les agriculteurs

Les entreprises spécialisées dans l’agriculture comme Bayer, Agco Corp, CNH Industrial ou encore Corteva ont toutes investi dans ce type d’outil et dans les équipements autonomes. Pourtant, les agriculteurs n’adhèrent pas tous à un tel système. Certains d’entre eux s’inquiètent de la domination que John Deere exerce dans le secteur. Des agriculteurs ont notamment dénoncé le fait que l’entreprise limite la réparation des engins à ses propres concessionnaires. Cela a eu pour conséquence d’augmenter les coûts et de laisser certains appareils hors service pendant plusieurs semaines.

Le président du syndicat des agriculteurs du Montana, Walter Schweitzer a exprimé sa crainte liée à la généralisation de ces dispositifs. Il estime que cela pourrait donner à l’entreprise une influence directe sur le travail des agriculteurs et que la collecte des données lui permet de renforcer son emprise sur le secteur agricole. « Vous perdez le contrôle des données et la propriété des outils », a-t-il déclaré.

Au contraire, d’autres professionnels se montrent très satisfaits de l’outil et des véhicules de John Deere. C’est le cas de Taylor Nelson, qui a expliqué au Wall Street Journal, que le système lui a permis de réduire de nombreuses erreurs coûteuses. Il dit également avoir doublé le nombre d’hectares de terrain sur lesquels il a pu planter chaque jour ses graines à l’aide de la dernière planteuse de Deere. Une telle technologie pourrait s’imposer si elle s’avère moins coûteuse que la main-d’œuvre.