Les dirigeants de Meta vont-ils échapper à un interrogatoire long de plusieurs heures afin de s’expliquer sur le scandale Cambridge Analytica ? Il semblerait bel et bien que oui…

Timing parfait

En effet, Meta a finalement conclu un accord de principe avec les plaignants, un groupe d’utilisateurs de Facebook, suite à une plainte déposée par ces derniers il y a quatre ans lorsque le scandale a éclaté. Les deux partis ont refusé le moindre commentaire sur l’accord, tandis que Meta a demandé la suspension de la procédure pour soixante jours « afin de finaliser l’accord par écrit et de le présenter au tribunal », rapporte Le Monde.

Alors que les plaignants demandaient des dommages et intérêts, il semblerait que Meta soit parvenu à les convaincre de mettre fin à leur poursuite en échange d’une probablement très belle somme d’argent. Timing parfait : les dirigeants de Meta s’apprêtaient justement à comparaître devant la justice. Mark Zuckerberg devait être interrogé pendant six heures, l’ancienne directrice des opérations Sheryl Sandberg devait faire une déposition de cinq heures tandis que Javier Olivan, l’actuel directeur de l’exploitation, devait répondre aux questions pendant trois heures.

D’autres cadres de l’entreprise étaient attendus : Rob Sherman, responsable de la protection de la vie privée du réseau social, Eddie O’Neil, ancien directeur de la gestion de produits, ou encore Konstantinos Papamiltiadis, responsable des partenariats.

Meta est prêt à verser beaucoup d’argent

« Le fait que Facebook ait réglé cette affaire à quelques jours de son contre-interrogatoire sous serment pendant six heures montre à quel point M. Zuckerberg est désespéré pour éviter de répondre aux questions sur la dissimulation par Facebook de la violation des données de Cambridge Analytica. Facebook a prouvé qu’il était prêt à payer presque n’importe quelle somme d’argent pour éviter que ses dirigeants ne répondent à ces questions », déclare Carole Cadwalladr, journaliste ayant enquêté sur l’affaire en 2018. À l’époque, Mark Zuckerberg avait répondu aux questions du Sénat sans vraiment donner d’éléments de réponse quant à l’utilisation abusive des données des utilisateurs par Facebook.

Un smartphone ouvert sur Facebook.

Le scandale de Cambridge Analytica a largement entaché la réputation de Facebook. Photographie : Solen Feyissa / Unsplash

Pour rappel, Meta est accusée d’avoir illégalement partagé les données personnelles de ses utilisateurs avec des entreprises tierces à l’instar de Cambridge Analytica, une firme britannique. Il lui est également reproché de ne pas protéger adéquatement ces données contre leur exploitation par de mauvais acteurs. Cambridge Analytica a été engagée par la campagne présidentielle de Donald Trump qui a pu exploiter les données de millions de profils Facebook afin d’influencer leur vote lors des élections présidentielles de 2016.

La réputation de l’entreprise a beaucoup souffert de cette affaire

Meta a d’ores et déjà accepté, en 2019, de débourser 5 milliards de dollars auprès de la Federal Trade Commission (FTC) pour régler une procédure différente liée à la même affaire. L’accord prévoyait notamment la restructuration du conseil d’administration de l’entreprise afin de renforcer sa surveillance des pratiques de confidentialité.

Malgré les changements entrepris par Meta depuis ce scandale, sa réputation a grandement souffert. D’autres affaires s’y sont en outre ajoutées, à l’image des « Facebook Files » dévoilés par une ancienne employée de la firme et désormais considérée comme une lanceuse d’alerte. Ces différents éléments expliquent d’ailleurs le changement de nom de Facebook survenu à la fin 2021.

Si le scandale Cambridge Analytica a permis de mettre en lumière l’utilisation parfois insensée des données des utilisateurs par certaines plateformes, l’accord de principe obtenu par Meta signifie que de nombreux éléments entourant cette affaire resteront dans l’ombre, pour le moment.