Mark Zuckerberg, Sheryl Sandberg, et d’autres hauts cadres ou ex-cadres de Facebook vont devoir déposer de longues heures sur l’affaire Cambridge Analytica au cours des deux prochains mois selon le Guardian. Pour rappel, le scandale a éclaté en 2018, le cabinet de conseil est accusé d’avoir exploité les données privées de 50 millions d’utilisateurs du réseau social, au vu et au su de ce dernier. Ces données ont ensuite été exploitées pour influer sur l’élection de Donald Trump ou du Brexit.

Les plaignants trépignent à l’idée de poser leurs questions à Mark Zuckerberg

Dès les premières révélations des médias, l’affaire a pris une ampleur massive. Mark Zuckerberg a dû se présenter devant le Sénat, reléguant à ses équipes le rôle de répondre aux questions des sénateurs, à la grande frustration de ces derniers.

De nombreuses plaintes ont été déposées dans la foulée. Facebook a accepté de payer une amende de 5 milliards de dollars à la Federal Trade Commission, en 2019. Elle a également mis la main à la poche au Royaume-Uni et est attaquée en Australie. La société n’est pas poursuivie uniquement par les autorités, elle l’est également par les utilisateurs qui ont vu leurs données transmises à Cambridge Analytica.

C’est dans le cadre d’une de ces procédures que Mark Zuckerberg devra s’expliquer longuement sur cette affaire. La déposition prévue va durer six heures, celles de l’ancienne directrice des opérations Sheryl Sandberg cinq, Javier Olivan trois et d’autres sont attendues : Rob Sherman, responsable de la protection de la vie privée du réseau social, Eddie O’Neil, ancien directeur de la gestion de produits et Konstantinos Papamiltiadis, responsable des partenariats.

Au Guardian, l’avocat Robert Frenchman a déclaré que malgré le délai inhabituel pour une déposition civile « Les plaignants savourent l’opportunité de contre-interroger les cadres supérieurs, et ils auront carte blanche sur un large éventail de sujets. Pour l’entreprise défenderesse, il y a beaucoup plus à perdre qu’à gagner ».

Les chamailleries juridiques de Facebook et de ses utilisateurs lésés

Le journal britannique, à l’origine du scandale, note que c’est la première fois que des plaignants d’une affaire civile obtiennent la déposition de Mark Zuckerberg et de ses cadres. Facebook, devenu entretemps Meta, affirme jouer le jeu et transmettre tous les documents exigés par la justice. Le réseau social accuse les plaignants d’être « constamment et continuellement dans l’excès ».

Au contraire, ces derniers estiment que Facebook met de la mauvaise volonté en délivrant des documents inutiles ou de rechigner à en livrer d’autres. Ils jugent également les équipes dépêchées par Facebook sur cette procédure incompétente. Ils écrivent, « Facebook se plaint de ce processus de suivi, mais il a été rendu nécessaire par l’incapacité des personnes désignées par Facebook à témoigner de manière significative sur la myriade de questions pour lesquelles elles ont été désignées ».

L’audition du PDG et des hauts cadres aura lieu dans un cabinet d’avocat, sous serment. Un mensonge lors de ces dépositions pourrait entraîner des poursuites judiciaires loin d’être anodin aux États-Unis. Elles auront lieu jusqu’au 20 septembre, ce qui ne va pas sans poser des problèmes de délai, Meta devant déposer toutes ses pièces aux plaignants d’ici le 16 septembre. L’entreprise espère boucler définitivement cette affaire d’ici mars 2023. Les plaignants, eux craignent que le délai soit trop court pour étudier des pièces datant de 13 ans. Ils espèrent obtenir jusqu’à 5 millions de dollars en dommages et intérêts. Une somme ridicule pour Meta, mais un symbole qui pourrait écorner de l’entreprise, peu importe son nouveau nom.